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.Jusqu’à ce qu’elle voie le module lunaire.Reid MalenfantEn hésitant, Malenfant fit un pas qui l’éloigna de la navette.Encombré par sa combinaison protectrice, il respirait de l’air en conserve et regardait l’extérieur à travers un casque hermétiquement fermé.Ses lourdes bottes noires écrasèrent des feuilles mortes et de l’herbe rare, le tout couvert d’une terre rouge et poussiéreuse.Mais il entendait à peine le bruit de ses pas et ne pouvait sentir l’odeur de l’herbe et des feuilles.Une forêt dense entourait cette petite clairière : une obscurité traversée par de rapides ombres vertes.Il leva la tête et regarda un ciel immense et délavé.La Terre flottait là, grasse et bleue, le contour d’un continent vaguement visible.Et voilà, Reid Malenfant marchait à la surface d’un nouveau monde : un rêve de gosse se réalisait enfin.Mais il ne s’attendait certes pas à ce qu’il ressemble à ça.Peut-être manquait-il d’imagination – Emma l’en avait souvent accusé – ou peut-être s’était-il trop concentré sur la lutte nécessaire au montage de la mission, sur les détails enthousiasmants du vol de trois jours dans l’espace.Peut-être, d’une certaine façon, s’attendait-il à ce que cette Lune rouge errante se contente de n’être rien de plus qu’un décor passif pour ses projets.Et, à présent, pour la première fois, il comprenait dans ses tripes mêmes qu’il avait affaire à un monde entier – avec sa propre complexité, sa propre personnalité, ses problèmes et ses dangers.Et son plan de sauvetage d’Emma lui paraissait aussi absurde et donquichottesque que nombre de ses adversaires le lui avaient dit.Mais que pouvait-il faire à part venir ici et essayer de la retrouver ?Nemoto effectuait une petite promenade expérimentale autour de la clairière ; elle paraissait mince en dépit de l’encombrante combinaison protectrice orange et du parachute toujours fixé dans son dos.Elle se déplaçait un peu comme les astronautes sur la Lune, moitié courant, moitié marchant.— Fascinant, dit-elle.La marche est un mouvement pendulaire, un échange entre l’énergie gravitationnelle potentielle du corps et l’énergie kinétique du mouvement vers l’avant.Le corps, qui cherche à minimiser l’énergie mécanique dépensée, cherche une allure optimale – la marche ou la course – quelle que soit sa vitesse.Mais plus la gravité est basse, plus basse est la vitesse à laquelle la marche se transforme en course.Tout est question de lois d’échelle.Le nombre de Froude…— Lâchez-moi les baskets, Nemoto.Elle s’arrêta près de lui.Et, avant qu’il ne puisse l’en empêcher, elle déverrouilla son casque et l’ôta.Elle lui sourit.Elle n’avait pas l’air tout à fait dans son assiette, mais c’était habituel chez elle.Et elle n’était pas encore tombée raide morte.Malenfant souleva son propre casque.Il garda la main posée sur la manette vert pomme destinée à activer la réserve d’oxygène de sa combinaison.Son casque de Snoopy lui paraissait lourd et incongru dans cet environnement de style « retour à la nature ».Il prit une grande inspiration.L’air était ténu.Mais il s’y attendait, et il avait subi un entraînement en altitude, ce qui transformait la douleur qu’il ressentait dans sa poitrine en une gêne lointaine.(Mais Emma n’avait pas subi cet entraînement, se souvint-il ; cette atmosphère raréfiée avait dû la faire souffrir.) L’air était humide, un peu froid ; il aurait pu le décrire comme revigorant.Il sentait des odeurs vertes, des choses en train de pousser : le parfum d’automne des feuilles mortes et une senteur végétale plus dense en provenance de la forêt.Et une odeur de cendre.Nemoto examinait un petit analyseur portable.— Pas de toxines inattendues, dit-elle, ténu mais respirable.Elle enleva son casque de Snoopy et commença à se débarrasser de sa combinaison pressurisée orange.— En fait, dit-elle, cet air est plus sain que dans la plupart des régions de la Terre.Après avoir passé trois jours enfermés dans un volume pas plus grand que l’intérieur d’une berline familiale, Malenfant ne ressentait plus de gêne devant Nemoto.Mais il se sentit étrangement mal à l’aise en se mettant nu, là, à l’air libre, où les yeux d’il ne savait quelles créatures pouvaient l’observer.Mais il commença néanmoins à ouvrir les fermetures à glissière de sa combinaison.— Je sens une odeur de cendre.— C’est sans doute la Cible, dit Nemoto.On a observé que le grand volcan entre en éruption de manière plus ou moins continuelle depuis que la Lune rouge est arrivée en orbite autour de la Terre.C’est peut-être dû aux marées que la Terre suscite sur cette nouvelle lune.Vous devriez apprécier la cendre, Malenfant.Ce monde est petit et n’a pas d’activité tectonique.Ici, l’érosion est un processus unidirectionnel, et s’il n’y avait pas de mécanisme de régénération, la totalité de l’air finirait par être capturée à l’intérieur des roches, sans possibilité de recyclage.— Comme sur Mars.— Et pourtant, pas comme sur Mars.Nous ne comprenons pas encore les cycles géologiques et biologiques de la Lune rouge.Nous ne les comprendrons peut-être jamais.Mais l’injection de gaz dans l’atmosphère par la Cible sert certainement à la renouveler.Que remarquez-vous d’autre ?Il leva la tête, renifla, écouta.— Pas de chants d’oiseaux, dit Nemoto.— Pas d’oiseaux ? Il devrait être plus facile pour eux de voler ici, avec la gravité plus faible.— Mais l’air est moins dense.Leurs ailes auraient moins de portance que sur Terre.L’oiseau aurait besoin de muscles et de poumons plus puissants… Nous verrons peut-être des oiseaux planeurs ou qui ne volent pas.Mais nous ne pouvons pas nous attendre à rencontrer la même diversité que sur Terre.Dommage, songea Malenfant.Il passa un T-shirt, un short, un léger pull et une combinaison bleu vif, puis il remit ses bottes.Il appréciait la chaleur de ces vêtements.Bien que le soleil fut vif, l’air était humide et froid ici.Nemoto s’habilla de la même façon.Ils rangèrent dans la navette leurs lourdes combinaisons protectrices en Gore-Tex.Ils en auraient besoin lors du retour sur Terre – une éventualité que Malenfant avait de plus en plus de mal à imaginer.Malenfant disposa son équipement de communication sur son épaule.C’était un appareil fabriqué spécialement pour eux par les techniciens du JSC.Une minuscule caméra qui ressemblait à une pierre précieuse était fixée sur un émetteur-récepteur petit mais puissant.Il y avait des antennes à l’intérieur de leurs combinaisons, les signaux étant relayés par de petits satellites de communication en orbite basse autour de la Lune rouge [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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