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.Il devrait peut-être prendre l’habitude de faire un feu tous les soirs, tant qu’il ne serait pas sorti des montagnes.Strell posa une grosse bûche sur les flammes naissantes, étonnéque le feu reprenne aussi vite.Les ténèbres qui entouraient le foyer lui parurent d’autant plus épaisses.Il recula en détaillant ce campement mal situé, établi sous le col qui ouvrait sur la vallée suivante.Le vent allait souffler toute la nuit.Mais en revanche, Strell était parvenu assez haut pour éviter de se réveiller dans ce maudit brouillard.Il y avait un léger creux près du rocher, où le vent avait déposéune large quantité de poussières au fil du temps.Le peu d’herbe restant se nichait là.Le sac et le grand bâton s’y trouvaient également.Plus loin, au-delà du feu, le sol redevenait rocheux et n’invitait guère à s’allonger, mais Strell y posa son sac car il ne voulait pas tourner le dos au rocher pour le moment.Avec un petit soupir, il se laissa tomber à terre, assis, et étendit les jambes vers le feu.Il se tourna sur le côté pour saisir le bâton et l’approcha de lui.Il était sculpté d’un superbe motif de lierre.Strell fit glisser son pouce dessus et s’arrêta sur une petite encoche à l’une des extrémités.Si personne ne réclamait le bâton d’ici le lendemain matin, il le garderait pour lui.D’un geste possessif, il plaça l’objet àcôté de lui et se demanda s’il devait regarder ce que contenait le sac.Son estomac gronda et, puisque c’était la première fois qu’il avait faim depuis deux jours, il décida d’attendre.Penser à la nourriture lui donna dix fois plus faim encore.Strell ouvrit son sac et sortit toutes ses provisions pour s’assurer que rien n’était en train de se perdre.Ses yeux se tournèrent vers le feu, et il jugea qu’il pourrait aussi bien manger quelque chose de chaud.Il chercha au fond de son paquetage et en tira un trépied.Les pieds de métal rigides lui causèrent quelques difficultés, et il lutta pour les installer sans se brûler les doigts.Tout à sa tâche, il remarqua soudain qu’il fredonnait un air de danse.Il cessa, mais dès qu’il n’y prenait plus garde l’air revenait sur ses lèvres.Strell leva les yeux au ciel mais se raidit soudain.Le vent portait faiblement la même mélodie jouée à la flûte ; fort mal.Le regard de Strell dériva vers le sac abandonné.Un craquement du feu attira son attention, et il ajouta une branche distraitement avant de se lever en s’époussetant les mains.Il écarta le bâton du pied.Ce campement n’était peut-être pas aussi désert qu’il le pensait.Le feu n’avait peut-être pas pris et s’était refroidi plus tôt que ce qu’il avait cru.Quel que soit le voyageur, il jouait de la musique, et un autre ménestrel serait une plaisante compagnie.Mais la mélodie cessa.Un instant après, il entendit les notes d’un autre morceau.La musique ne se rapprochait pas et il décida d’explorer les alentours.— Eh oh ? cria-t-il.Qui donc joue par une nuit si froide ?Il n’obtint aucune réponse.Strell, conscient qu’il pouvait s’agir d’une nouvelle ruse, avança entre les rochers.La musique se fit plus forte, et il rit en la reconnaissant.C’était L’Aventure de Taykell, une chanson de taverne prisée aussi bien par les gros fermiers ivres que par les minces marchands des plaines.Tout le monde la connaissait, depuis l’enfant qui commence à parler jusqu’à la grand-mère qui ne peut plus chanter.Un sourire aux lèvres, il tira son propre instrument de la poche de son manteau et fit écho à la mélodie, tandis que les paroles retentissaient dans son esprit.Taykell rencontre une demoiselle,Belle comme un jour d’été,Il lui dit qu’il est à la rue,Elle lui propose de rester,Une femme et une maison, quelle fortune,Et il s’empresse de dire oui,Plus tard, trop tard, il comprend son erreur,Mais comment aurait-il deviné ?Il entama le refrain.L’autre joueur s’était arrêté et Strell poursuivit, seul.Oh, pères, priez d’avoir des filles,De petites dames en dentelles…— Attention, lança une voix étouffée qui semblait surgir du sol.La falaise est juste devant vous !Strell s’arrêta net.Il regarda le sol et écarquilla les yeux.Un ravin s’ouvrait juste devant ses pieds.— Par la Meute ! souffla-t-il, j’ai failli basculer.— Je n’en reviens pas que quelqu’un d’autre passe par ici, lança la voix qui ajouta, après une pause : Avez-vous une corde ?Strell se remit de sa surprise, rangea sa flûte et scruta le fond du ravin.Loin en bas, la lumière des étoiles se reflétait sur l’eau.Soudain, tout devint clair dans son esprit.— C’est votre campement, là-bas, n’est-ce pas ? s’exclama-t-il.— Oui.Je suis restée coincée là toute la journée, répliqua la voix avec une pointe d’exaspération.Avez-vous une corde ?Son accent était étrange.Ni vraiment des plaines, ni vraiment des contreforts, mais plutôt un mélange des deux.— Euh, elle ne vous supportera pas.J’arrive tout de suite.Strell s’assit et se laissa glisser le long du ravin.— Non, attendez ! cria la voix, paniquée.Strell perdit totalement le contrôle de ses mouvements.Il rebondit et roula jusqu’à la petite rivière, où sa course s’interrompit si brutalement que ses dents s’entrechoquèrent sous l’impact.Des rochers et de la poussière dégringolèrent à sa suite et il se couvrit la tête en attendant la fin de la petite avalanche.Lorsqu’elle cessa, il leva les yeux vers le visage baigné d’ombre d’une jeune fille.— Vous allez faire tomber toute la falaise sur moi, acheva-t-elle sèchement.— Désolé, répondit Strell en se relevant prudemment, non sans tremper un pied dans l’eau au passage.Il le retira vivement et vérifia l’état de ses bottes [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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