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.Vous voyez que je n’ai aucun pouvoir sur eux.»Le rôle du roi celte apparaît singulièrement clair grâce à ce texte.C’est la présence magique du roi qui assure la victoire d’une armée, mais seulement sa présence, car le roi n’est pas obligé de combattre, cela lui étant formellement déconseillé, voire interdit.Cela ne veut pas dire que tous les rois dont on raconte les aventures étaient tenus en une sorte de minorité légale par la reine, mais cela signifie que la dignité royale n’était pas considérée comme tellement appréciable, car elle n’était pas obligatoirement une preuve de puissance.Cette puissance, c’est Maeve qui la détient incontestablement.Et, sous couvert de « courtoisie », dans le mythe arthurien, c’est Guenièvre la détentrice du pouvoir réel.En effet, que penser de ce roi Arthur qui, lorsqu’il tient sa cour, se laisse insulter par tous les provocateurs qui s’infiltrent jusqu’à lui, de ce roi qui tolère qu’on outrage la reine sans intervenir lui-même, de ce roi qui voit enlever Guenièvre et se contente de demander à ses compagnons quel est celui qui voudra bien se dévouer pour aller la reprendre à son ravisseur ? En fait, Arthur, comme Ailill, apparaît bien souvent comme un roi-soliveau.Sa présence est indispensable au milieu des aventures qui surviennent, mettant en jeu ses compagnons.Parfois, il accompagne ceux-ci, mais on constate que son rôle consiste à être un « meneur ».C’est lui qui dirige les opérations en demandant à l’un ou à l’autre d’utiliser ses compétences pour résoudre tel ou tel problème.Ainsi, quand Arthur envoie ses compagnons à la quête du Graal, il se garde bien de participer à cette quête.Il demeure sur place, pour maintenir l’équilibre d’un monde dont il est responsable.Guenièvre est à ses côtés, mais elle a sa propre vie affective.C’est Guenièvre qui noue et dénoue les intrigues.Par conséquent, la reine a tous les pouvoirs, et surtout les plus occultes.Elle veille à répartir l’énergie qu’elle représente sur les hommes qu’elle choisit en raison de leur vaillance et de leur « fidélité ».Mais elle participe elle-même au combat, comme Morrigane, donnant ainsi raison aux auteurs de l’Antiquité grecque et romaine qui ont souvent décrit les femmes celtes comme des furies déchaînées par l’ardeur et le désir de vaincre, toujours prêtes à aider leur homme dans les circonstances les plus défavorables, qu’elles soient ou non responsables des querelles et des guerres incessantes que se livrent les diverses tribus se réclamant de l’idéologie celtique.Ainsi, d’après Diodore de Sicile (V, 32), chez les Gaulois, les femmes sont presque de la même taille que les hommes, avec lesquels elles rivalisent en courage.On retrouve la même observation chez Ammien Marcellin (XV, 12) : « L’humeur des Gaulois est querelleuse et arrogante à l’excès.Le premier venu d’entre eux, dans une rixe, va tenir tête à plusieurs étrangers à la fois, sans autre auxiliaire que son épouse, champion bien plus redoutable encore.Il faut voir ces viragos, les veines du cou gonflées par la rage, balancer leurs bras robustes d’une blancheur de neige, et jouer des pieds et des poings, assénant des coups qui semblent partir de la détente d’une catapulte.» À tout prendre, la description peut sembler flatteuse : elle constitue indubitablement la preuve que les femmes celtes savaient se faire respecter, et ce n’est pas la littérature tant gaélique que galloise qui pourrait le démentir.C’est là qu’apparaît le rapport étroit entre la guerre et la sexualité.La femme n’a pas besoin d’être protégée par un homme.Elle sait se défendre elle-même.Mais comme la femme représente la souveraineté, elle doit partager les tâches et répartir l’énergie primordiale dont elle dispose autour d’elle chez ceux qui lui semblent les plus dignes de la mettre en œuvre.Et le meilleur moyen de communiquer cette énergie est le contact sexuel, à l’image de ce qui se passait dans les temples du Moyen-Orient, lorsque les prostituées sacrées, incarnations de la déesse, couchaient avec les pèlerins venus, non pas pour obtenir une satisfaction sexuelle de bas étage, mais pour s’imprégner de la puissance divine.Dans les croyances populaires de tous les pays, les sorts sont transmis au cours d’un repas, notamment en partageant le pain et le vin, ce qui n’est pas sans rappeler certaine Cène que les Évangiles rapportent avec précision.Il s’agit d’une communion au cours de laquelle quelque chose passe d’un personnage à un autre, ou à des autres.Le repas pris en commun est une manifestation collective, où chacun partage l’énergie dispensée par une nourriture qui est essentielle, vitale, pour permettre l’activité humaine.C’est le sens que le christianisme donne à cette célébration de l’Eucharistie, même si les catholiques, les orthodoxes et certains anglicans croient à la présence réelle du Christ sous l’apparence du pain et du vin, et si les luthériens et les calvinistes n’en font qu’une commémoration d’un acte de fraternité.De toute façon, il y a échange.Et les participants à cette « communion » en sortent toujours fortifiés par une énergie nouvelle, transmise par un acte matériel.Il en est de même pour les rapports sexuels que peut entretenir la reine avec tel ou tel chevalier, cela en dehors de ceux qu’elle continue à assumer auprès de son époux légitime.Si Yseult est folle d’amour pour Tristan, elle n’en subit pas moins l’étreinte du roi Mark, et nulle part on ne nous dit que Guenièvre se refuse au roi Arthur, ni que la reine Maeve a cessé de coucher avec le roi Ailill.Mais dans cette perspective, il faut bien comprendre que c’est l’union des sexes qui fait la force et la valeur des actes mis en œuvre.La « putain royale », sous quelque nom qu’elle apparaisse dans la tradition, est celle qui permet l’accomplissement du destin.L’amant, transformé par cet échange que constitue l’acte sexuel, est donc en mesure d’affronter le monde avec courage, vaillance et ténacité.Aussi ne peut-on pas considérer la « putain royale », non seulement comme une vulgaire prostituée qui n’a pas d’autres moyens que celui-là pour survivre, ou comme une « nymphomane » atteinte de ce qu’on appelle l’hystérie, terme qui provient du mot grec désignant l’utérus.C’est à un très haut niveau que tout cela se passe, et c’est ainsi qu’apparaît le rôle essentiel de la sexualité dans les rapports humains qui ont fait l’Histoire et qui continuent à alimenter la Légende.Les amours parallèlesLes sociétés celtiques n’ont jamais, avant l’arrivée du christianisme en extrême Occident, connu la notion de péché, c’est-à-dire de manquement à une doctrine morale prétendument édictée par un dieu s’exprimant à travers des visionnaires ou des prophètes [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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