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.Delon eut un sourire imperceptible.Ed pensa aux cuisses de Mme Karapian.Là encore, le Chef l’avait jeté dans un foutu guêpier.Elle serait à poil.Il ne faudrait pas perdre une seconde, pas se laisser distraire par le spectacle, par le Truc comme aurait dit Julie-Berthe.Le chronométrage était serré.La Karapian faisait juste l’aller et retour entre son palier et l’étage inférieur.Là, elle beuglait un grand coup :— Lakmé ! Ton doux regard se voile !Elle tapait des pieds.Poum, poum ! comme les factionnaires de Buckingham Palace.Poum, poum ! et elle remontait.Pendant son trajet, il faudrait entrer et courir jusqu’à la table de nuit.Sur le dessus de marbre, il y aurait toutes ses bagouses.Elle les enlevait tous les soirs.Il faudrait prendre la verte, pas une autre, juste celle-là.Et après, foncer.Ressortir.Glisser sous les bras étendus de la Diva qui serait de retour.Surtout, surtout, rester calme.Ed était de nouveau sur le point d’avoir envie de faire pipi.Et puis, truc ! la porte s’ouvrit.Mme Karapian, les yeux fixes, passa près du rouquin sans le voir.Il accommoda malgré lui sur ses fesses froissées vers l’intérieur qui dégringolaient l’escalier par secousses.Il jura de ne plus jamais manger de gelée de groseille.Il s’élança.Il retrouvait ses moyens dans l’action.Il bougeait avec aisance.Comme dans les films amerlos.Il arriva devant la table de nuit.Les bagues n’étaient pas là !Un coup pourri.Il en était sûr.Delon fit remarquer qu’il était flatté qu’on le prît pour modèle, mais qu’attention, pour lui, les scénarios finissaient souvent mal.Ed sentit son sang se cailler.Ils entendirent clairement le fantastique barrissement :— Lakmé ! Ton doux regard se voile ! Poum, poum !La Karapian s’apprêtait à charger.Ed fouilla dans le tiroir.Rien.À ce moment, il entendit la porte d’entrée se refermer.Vlam ! et deux tours de Yale.— Scrrruntch ! point-s’exclama-t-il dans une bulle imaginaire.Captif fait comme un rat à la dixième bobine d’un film.Merde ! J’ai raté mon hold-up ! reconnut Édouard.Delon lui conseilla de se cacher dans la penderie.Le petit rouquin se glissa entre deux robes de strass.Chloroformé par la naphtaline, il truqua longuement dans son froc.29Le soleil levant apparut sans prévenir et cuivra le cyprès.Bellanger ouvrit doucement ses volets et s’étira devant la campagne.Il chassa le mauvais goût de la nuit.En se penchant, il jeta un coup d’œil machinal sur la terrasse et localisa Léon le lézard qui bronzait.Il rentra illico la tête.Il vrombit jusqu’à son nécessaire à pêche.Au bout d’une canne souple il monta un fil de 20 centièmes.Hameçon n° 8.Esche : un ver de terreau frétillant.Une friandise.Il dévida le Nylon avec lenteur.En se penchant, il arriva à dandiner du bout de sa « roubaisienne » avec une grande sensibilité tactile.Le ver effleura la bouche de Léon.Le saurien sembla franchement intéressé.Il ouvrit la mâchoire et allait la refermer sur sa proie, quand le commissaire se mit en déséquilibre pour ferrer.Les choses se précipitèrent.Charles glissa, jura, lâcha la gaule, et bascula dans le vide.Léon s’écarta pour ne pas le recevoir sur la queue.Bellanger, dans un soubresaut de sauve-qui-peut, referma ses mains transformées pour la circonstance en grappins sur le rebord de la fenêtre.Les pieds dans le vide, il vit Léon s’esclaffer.Hippo s’était mis en route pour la forêt dès le matin.Il avait coupé par les terrains vagues, passant devant les restes du pavillon d’Alcide.Il s’était arrêté un moment devant l’enclos, se recueillant devant un grand platane qui semblait être le tout dernier arbre vivant de la région.Il s’était dit que c’était au sommet de celui-là qu’il aurait aimé grimper avec Julie-Berthe.Sur les indications d’Édouard, il avait trouvé sans peine l’endroit où tapinait Juliette.Assis en tailleur, il tira son Gimel au violon de sa poche et commença à éplucher des bûchettes de bois vert.Les rouages de son cerveau lui faisaient un curieux mal de tête.Il lui sembla que les chênes de la forêt avaient grandi.Que le sol, en tout cas, avait reculé.Qu’il était de plus en plus coupé du monde réel.Il continua à tailler ses morceaux de bois.Il leur donnait, sans s’en rendre compte, la forme de femmes aux poitrines agressives.Ils les baptisa Karapian, Achère, Juliette et Peggy Spring.Il prit la plus laide et il l’appela maman.Avec un clou, trouvé par hasard, il la fixa sur une planchette.Il contempla la photo de Marilyn et la déchira en miettes.Il détacha son chronomètre de son poignet et le cassa sur son talon.Aussitôt, le Temps s’arrêta.Chapeau s’éveilla de bonne heure.Le téléphone en fut la cause.Au bout du fil, c’était Olga.Elle lui apprit qu’on était le 14 juillet, qu’elle était quand même au bureau, qu’il avait reçu un paquet et qu’il fallait qu’il rappelle la brigade de gendarmerie d’Écouen.Il le fit presto.Le gendarme Bellac Victor lui passa le brigadier Ménard Alfred qui l’informa qu’on venait de découvrir un nouveau cadavre.Celui d’une jeune femme blonde.On avait trouvé le corps sur une aire de remblaiement, en contrebas de la RN 16.C’était une portion de plaine où l’on envisageait de dessiner une bretelle de raccordement pour accéder au futur aéroport de Roissy-en-France.De lourds camions y déversaient des tonnes de gravats, de terre et même des cuisinières, des machines à laver.Un peu de tout pour combler les creux, remplir les fondrières.Clovis bondit dans sa 504.La victime avait été violentée, après sa mort.Le toubib était formel.Billy avait signé sur le ventre, comme d’habitude.La radio, les journaux commencèrent leur ramdam.Clovis se sentait dépassé [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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