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.Ma voiture arrive en cahotant sur le parking poussiéreux et caillouteux.Jonah et moi descendons et prenons nos armes et nos munitions sur le siège arrière.Nous n’avons pas dû échanger six mots pendant la demi-heure du trajet, mais ce silence était reposant.Nous acquittons les droits d’entrée et nous enfonçons de petites boules de coton dans les oreilles pour atténuer le son.J’ai apporté aussi un casque et des protège-tympans.Mon système auditif a déjà pas mal souffert et j’espère que ce ne sera pas permanent.Nous montons vers le stand, avec son toit au-dessus de nos têtes semblable à un auvent pour voitures mais en plus grand.Il n’y a qu’un homme en train de s’entraîner au tir, avec un pistolet de compétition Heckler & Kock qui fait briller aussitôt une lueur de convoitise dans les yeux de Jonah.Tous deux se mettent à discuter détente ajustable et mires réglables pendant que j’introduis huit cartouches dans le chargeur de mon petit pistolet.J’ai hérité ce semi-automatique qui n’a même pas de marque de la tante célibataire qui m’a élevée après la mort de mes parents.Elle m’a appris le crochet et le tricot quand j’avais six ans et quand j’en ai eu huit elle m’a emmenée ici pour m’apprendre à tirer, me musclant les bras à l’aide d’une planche à repasser en bois qu’elle gardait dans le coffre de sa voiture.Dès que je suis venue vivre avec elle je suis tombée amoureuse de l’odeur de la poudre à canon.Je passais des heures assise sur les marches en béton du porche avec une bande de pétards et un marteau, tapant dessus patiemment, jusqu’à ce qu’ils aient tous libéré leur délicieux arôme.Après, les marches du porche étaient jonchées de petits bouts de papier rouges et de taches grises de poudre brûlée de la taille d’un confetti.Après avoir supporté mes coups de marteau pendant deux ans elle s’est dit qu’elle ferait aussi bien de m’apprendre un jeu plus sérieux.Jonah a emporté ses Colts et je tire quelques cartouches de chacun, mais je préfère la catégorie en dessous et je ne fais rien de brillant.Avec le Python c’est à peine mieux.A cinq heures, nous remballons notre matériel et descendons vers la vieille taverne du stand, blottie dans un creux de la montagne.Nous avalons de la soupe aux haricots et de la bière en bavardant de tout et de rien.— Comment avance votre affaire ? me demande Jonah.Vous avez déjà du nouveau ?— Il y a deux ou trois petites choses dont j’aimerais vous parler, mais pas maintenant.— Vous avez l’air vannée.— C’est toujours comme ça avec moi.Il me faut des résultats rapides.Si tout n’est pas pesé et emballé en deux jours, je déprime.Et vous ? Ça va comme vous voulez ?Il hausse les épaules.— Mes enfants me manquent.Je passais toujours le samedi avec eux.C’est gentil d’avoir appelé.Ça m’a permis de faire autre chose que de broyer du noir.— Oui, comme ça vous me regardez moi broyer du noir.Il tapote ma main par-dessus la table et la presse légèrement.C’est un geste rapide, plein de sympathie, auquel je réponds de la même manière.Je le dépose devant chez lui vers 7 h 30 puis rentre chez moi.Comme je suis fatiguée de m’inquiéter pour Elaine, je m’installe sur le canapé pour nettoyer mon pistolet en humant l’odeur de l’huile.Je trouve très délassant de le démonter, de l’essuyer soigneusement puis de le remonter.Après, je me déshabille et m’enroule dans le couvre-lit et je ne tarde pas à m’endormir.Le lundi matin, je m’arrête à l’agence de voyages Santa Teresa Travel sur le chemin du bureau et bavarde quelques instants avec une employée du nom de Lupe, moitié Chicano, moitié Noire, un mélange particulièrement réussi, et gracieuse comme un chat.Je lui montre le billet d’avion et lui explique ce que je cherche.J’avais deviné juste.Elaine était cliente chez eux depuis des années.Pourtant, Lupe semble perplexe en examinant le carbone.Elle abaisse ses lunettes jusque sur le bout de son nez et me regarde.Ses yeux sont dorés comme ceux d’un lémurien et accentuent encore son côté exotique.Bouche gonflée, petit nez droit.— Je ne sais que penser, dit-elle.Elle prenait toujours ses billets chez nous, mais celui-ci a été acheté à l’aéroport.D’après les numéros, il a été émis par la compagnie aérienne et payé avec une carte de crédit.— Quel type de carte de crédit ?— American Express.C’est généralement ce qu’elle utilise en voyage.Mais je vais vous dire ce qui me paraît bizarre.Elle a fait des réservations pour… attendez une minute.Laissez-moi vérifier.Lupe tape quelques chiffres sur le clavier de son ordinateur, ses doigts aux ongles effilés dansant sur les touches.L’engin crache plusieurs lignes de caractères verts.Elle se penche vers l’écran.— Son vol était prévu au départ de Los Angeles, en première classe, le 3 février, avec retour le 3 août et ces billets ont été payés.— J’ai entendu dire qu’elle était partie sous l’impulsion du moment, dis-je.Si elle a fait ses réservations pendant le week-end, elle a forcément dû passer par la compagnie aérienne, non ?— Bien sûr, mais elle n’aurait tout de même pas oublié les billets qu’elle avait déjà.Attendez une seconde, je vais voir si elle est passée les prendre.Elle aurait pu les faire changer.Elle se lève pour aller vers une armoire métallique appuyée contre le mur du fond.Elle en sort un petit paquet qu’elle me tend.C’est un jeu de billets et un itinéraire, glissé dans un étui portant le label de l’agence.Le nom d’Elaine est imprimé bien nettement sur le devant.— Il y en a pour mille dollars de billets, dit Lupe.Bizarre qu’elle ne nous ait pas appelés pour se faire rembourser en arrivant à Boca.Je sens un frisson me parcourir l’échine.— Elle n’y est peut-être jamais arrivée.Je reste un moment à regarder les billets inutilisés.Que signifiait tout ceci ? Je sors de mon sac l’étui de la TWA que m’a envoyé Julia Ochsner.Au dos sont agrafées les quatre étiquettes de bagages numérotées dans l’ordre.Lupe m’observe avec curiosité [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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