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.La chaleur lourde, humide, oppressante, pesait comme une chape de plomb.Malko essuya son front, aspirant une goulée d’air brûlant.Il était dix heures du matin et le soleil était déjà torride.— Dans une demi-heure, nous sommes à Mogadiscio, annonça Omar de sa voix douce et imperceptible.Les cheveux très courts et frisés, drapé dans une djellaba d’un blanc immaculé, il ressemblait à un iman, mais n’était que fabricant de faux papiers, trafiquant d’armes et informateur de différents Services.Sa discrète échoppe du quartier de Bakara ressemblait à la caverne d’Ali Baba.Comme il mangeait à tous les râteliers, il était au mieux avec toutes les factions qui se partageaient Mogadiscio.— Où va-t-on coucher ? s’inquiéta encore Aisha.— Je vous ai retenu une chambre à l’hôtel Shamo, expliqua Omar, le propriétaire est un ami et il y a la clim…Ils avançaient rapidement, franchissant d’innombrables check-points grâce à des signes convenus.Mogadiscio était divisé en une multitude d’enclaves aux mains des différentes milices qui se les disputaient parfois férocement, sans raison apparente.À chaque barrage, il fallait montrer patte blanche, c’est-à-dire un armement conséquent… Un voyageur isolé n’aurait eu aucune chance d’arriver sans protection dans ce qui restait de la ville.C’était un équilibre de la terreur mesuré au millimètre et éminemment fragile.La foule se faisait plus dense, femmes en coiffe noire, hommes en tenue locale ou vêtus à l’européenne.Le pick-up avançait lentement dans des rues étroites se coupant souvent à angle droit, bordées de bâtiments blancs décrépits, devant lesquels s’alignaient des échoppes au toit de tôle vendant tout et n’importe quoi, noyées sous des nuées de grosses mouches noires.— Voilà le grand marché de Bakara, annonça Omar, ma boutique est là, nous ne sommes plus loin.Effectivement, le pick-up s’arrêta devant un portail donnant sur une petite courette et ils descendirent.Omar les fit entrer dans le hall minuscule du Shamo, où un Djiboutien longiligne, en chemise à carreaux, les accueillit chaleureusement.Des enfants s’emparèrent de leurs sacs, les guidant jusqu’à leur chambre.Un vieux balcon de bois en piteux état dominait la foule grouillante du marché, les murs étaient peints en bleu, il y avait un coin-douche.Un climatiseur encastré dans le mur, datant sûrement du XVIIIe siècle, soufflait paresseusement un air tiède, un peu moins brûlant qu’à l’extérieur.Au loin, on apercevait la mer.Aisha Mokhtar se laissa tomber sur le lit étroit, dégoulinante de transpiration.— Je suis morte.Je vais prendre une douche.Malko redescendit.Omar l’attendait avec Shamo, le propriétaire de l’hôtel, qui leur servit un café très fort à la cardamone.Omar annonça la première mauvaise nouvelle :— Samir, qui est en charge de notre sécurité, dit qu’il faudrait deux technicals en ville.Parce que vous êtes des Blancs.Le Blanc, depuis 1993, était plutôt en voie de disparition à Mogadiscio… Malko acquiesça.La CIA lui avait donné assez d’argent pour faire face aux imprévus.Shamo, affublé de lèvres ressemblant à de grosses limaces noirâtres, semblait plein de bonne volonté.— J’ai un coffre dans mon bureau, proposa-t-il.C’est plus prudent d’y mettre votre argent.D’un signe discret, Omar lui signifia qu’il pouvait accepter et Malko confia au Djiboutien une grosse enveloppe kraft que ce dernier s’empressa d’aller mettre en lieu sûr.— Nous allons discuter dans ma boutique, proposa Omar.On peut y aller à pied, c’est tout près.** *Ils ressortirent et se glissèrent dans la foule.Certains semblaient indifférents, d’autres les regardaient curieusement.Même les femmes, leurs énormes poitrines moulées agressivement dans leurs cotonnades bariolées, dotées d’une cambrure de croupe hallucinante, ne semblaient pas effarouchées.Avant la mainmise de l’islam, elles n’étaient ni farouches ni xénophobes, et plutôt vénales.Derrière Omar, les quatre miliciens suivaient, armés jusqu’aux dents.De l’autre côté de la place, Omar s’arrêta devant une petite boutique fermée par un rideau.Il l’écarta et ils pénétrèrent dans une pièce minuscule, avec des cartons entassés partout, un petit bureau et un canapé défoncé.Un des murs était tapissé d’affiches, l’autre d’une grande photo d’Oussama Bin Laden, souriant.Omar poussa un jappement et un jeune garçon, roulé en boule au pied du bureau, comme un chien, détala et réapparut quelques minutes plus tard, portant un plateau de cuivre cabossé garni de deux tasses de café à la cardamone.Au moins, dans le café brûlant, les bactéries diverses avaient moins de chances de survie…— M.Ellis va bien ? s’enquit poliment Omar.Il ne vient plus souvent…Malko ne put s’empêcher de marquer le coup.— La dernière personne qu’il vous a envoyée n’a pas connu un sort enviable…Omar afficha aussitôt un air affligé, presque sincère.— Je sais, avoua-t-il à voix basse, c’est très triste.C’était une très jolie femme, un peu comme votre amie.On lui a tiré dans le dos.Ce n’est pas correct.En plus, c’était une affaire intérieure au groupe qui la protégeait.J’ai dû trouver un cercueil très vite et elle est repartie le lendemain pour Nairobi.Un Ukrainien a bien voulu emmener le cercueil pour 500 dollars.C’était un peu cher mais les autres pilotes ne voulaient pas.Par superstition.Dans ce pays, il valait mieux ne pas être superstitieux.Ils burent leur café brûlant, puis Omar baissa la voix.— Que puis-je faire pour vous ? Voulez-vous visiter le quartier de la cathédrale, intéressant mais un peu dangereux ? L’ancienne villa du président Syad Barré, ou la colline des ordures ? C’est spectaculaire, mais il y a toujours de mauvaises gens qui rôdent autour, je ne voudrais pas qu’il y ait un problème…Il aurait fait un parfait guide touristique.Sauf qu’à Mogadiscio, il n’y avait rien à voir et pas de touristes.— Je voudrais aller voir la plage d’El-Ma’an, annonça Malko.C’est à une trentaine de kilomètres au nord, je crois.Bien entendu, Omar ignorait tout du motif de leur voyage, sachant seulement qu’ils étaient liés au MI6, un de ses patrons occultes.Il devait donc tenter de les satisfaire tout en restant vivant.Ce qui impliquait la plus extrême prudence.La demande de Malko sembla le plonger dans une profonde réflexion.— Oui, c’est possible, finit-il par dire, mais il faut s’organiser.Là-bas, cela peut être très dangereux.— Je pensais que nous étions protégés… Omar eut un sourire onctueux.— Bien sûr, les hommes de Samir se feraient tuer pour vous… Mais là-bas, c’est le territoire du chef Musa Sude.Il faut son autorisation pour s’y rendre, mais il suffit de dire que vous voulez vérifier l’arrivée d’une cargaison, et de verser une taxe de passage… 200 ou 300 dollars.Je peux m’en occuper maintenant, si vous le souhaitez.Il a un représentant pas loin d’ici.— S’il vous plaît…Quelques billets changèrent de main.Omar les fit disparaître dans sa djellaba et conseilla de sa voix douce :— Je pense qu’il vaut mieux rester à l’hôtel pendant mon absence.En ville, certaines personnes n’aiment pas les étrangers.Aimable litote : la principale activité touristique de la Somalie était le kidnapping des étrangers rendus ensuite contre rançon…— O.K., accepta Malko.On y retourne.Vous viendrez nous y retrouver dès que possible.Aisha Mokhtar était allongée sur le lit, en slip et soutien-gorge.À moitié K.O., Malko alla sur le balcon contempler le grouillement de la ville aux ruelles étroites, aux maisons collées les unes aux autres, avec des terrasses communicantes ; un magma impénétrable et hostile où les Américains avaient perdu dix-huit Marines [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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