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.Les contours de Valentine se précisent, petit à petit, sans qu’on parvienne à la décrire clairement.La Hyène s’intéresse à ce petit personnage, je crois qu’elle est touchée par sa façon de rebondir d’un côté à l’autre, sans trouver sa place, sans se fatiguer.Vaillante boule de flipper.Dès qu’on sort de la capitale, on réalise mieux à quel point Paris est gris, bruyant, déprimé et morbide.En terrasse, sur nos peaux, le vent n’a pas la même texture.On rejoint l’hôtel, au ralenti.Chambre exiguë et hors de prix.L’eau du robinet que je passe sur mon visage a une odeur désagréable.Je vérifie que la télé fonctionne, puis m’écroule et m’endors.Moins d’une demi-heure plus tard, le sol gronde, les murs vibrent, j’ai le temps de saisir que j’ai mal à la tête et par la fenêtre je découvre, horrifiée, une horde d’hommes torses nus, qui attaquent la façade au marteau.Je reste bloquée, sous les draps, mon cerveau ne se met pas en route.On frappe à ma porte, la Hyène déboule, elle est hors d’elle.Aussitôt, je l’imagine confisquer les marteaux et attaquer les ouvriers, les pauvres, ils ne savent pas ce qu’ils risquent :— Je me tire d’ici.Ils se foutent de nous, soi-disant qu’ils n’ont pas de chambre plus calme.A la réception ils me disent qu’à part nous personne ne se plaint, que les gens ne viennent pas à Barcelone pour passer la journée dans leur chambre.Je me casse.J’ai besoin de dormir.Je vais chez une pote.Tu viens avec moi ou tu restes ici ?Je prends mes affaires et la suis sans réfléchir.En route, elle rentabilise le fiasco :— Je ferai de fausses factures d’hôtel, l’un dans l’autre ça n’est pas plus mal.— Et on va chez qui ?— Des Françaises qui habitent ici.On sera bien là-bas.Les scooters ont envahi les rues.Insectes vrombissants, jaillissant de tous côtés.Casques, tongs et vêtements légers, corps graciles sur des cylindrées.La ville prend la forme d’un boucan intense.Les gens klaxonnent à tout bout de champ, des machines extravagantes éventrent les sols et exhibent les entrailles de la ville, à grand renfort de bruit.Ça ressemble à une coutume locale.La blonde qui nous héberge est bâtie comme un bûcheron exilé de sa forêt.Elle est épaisse et légèrement hagarde.Elle a une mauvaise peau, son front est dégarni, ses cheveux sont très fins, le nez proéminent et les yeux globuleux, d’un bleu tirant sur les gris.Elle nous a servi des cafés si serrés qu’on croirait boire une tasse de marc.La Hyène monopolise un joint d’herbe depuis qu’elle s’est assise.— Heureusement que vous étiez là… quand ils ont commencé à défoncer le mur de l’hôtel, j’ai pensé que j’allais en tuer un.— Toucher un cheveu du crâne d’un ouvrier du bâtiment, à Barcelone ? N’y pense même pas.C’est une religion, ici.Barcelone est la ville la plus bruyante d’Europe.Ils démolissent tout, tout le temps.Tu peux voir des chantiers fonctionner le samedi à minuit.Rien ne les arrête.L’opium du peuple catalan, c’est la grue.Ils ouvrent les trottoirs pour le plaisir de regarder dedans.Tu ne peux pas savoir de quoi ils sont capables.Ils tueraient père et mère pour pouvoir construire un immeuble…Elles se connaissent bien.Je n’ose pas dire que je veux me coucher.Je m’endors sur le canapé.Quand les bruits extérieurs me forcent à émerger, la chaleur écrase le salon et les rideaux peinent à filtrer une lumière accablante.La maison s’est remplie de monde, je suis encombrée de rêves pénibles, dont je n’ai pas de souvenir net.Je cherche la Hyène des yeux.Une dizaine de filles sont éparpillées dans les pièces.Voix rauques.La blonde étend du linge noir, une clope au bec.— Bien dormi ? T’as besoin de quelque chose ? Tu veux un café ? Tu veux que je te montre ta chambre ?— Un café, oui, j’aimerais bien.Elle est où, la Hyène ?— Elle téléphone, sur la terrasse.Elle abandonne les vêtements moitié étendus, moitié en vrac sur le sol, et ne revient plus s’en occuper.Elle part me faire un café, mais m’oublie, en chemin, pour tirer sur un joint que lui tend une punkette blonde miniature, en jupe brillante, une fée Clochette urbaine.Je regrette de ne pas être restée à l’hôtel.En rejoignant la terrasse, je croise une fille à crête rouge, torse nu, tatouée, jupe en cuir et énormes bottes, qui se fait une ligne sur une enceinte.On se croirait dans le salon de Mad Max.Je retrouve la Hyène assise en tailleur dans un fauteuil d’osier défoncé.Elle a enfilé un short.Elle s’adresse en espagnol à une brune androgyne, au crâne rasé.Elle n’a pas exactement la même voix, dans les deux langues [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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