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.— Et pourtant, Napoléon est heureux de les laisser toutes les deux afin de nous guider ici dans l’intérêt de la France.Il avait trouvé exactement le ton qu’il fallait, et l’approbation générale s’exprima dans une profusion de hochements de tête gaulois tout autour du feu.— Vous pensez qu’il savait ce que l’ennemi nous préparait ? demanda Louis après un silence pensif.— Ils ne semblent pas s’être franchement défendus jusqu’à présent, dis-je.— Pas les combats, expliqua Stéphane.Cette nouvelle arme.— Vous n’en avez pas entendu parler ? ajouta Guillaume.C’est une sorte de maladie.Ils essaient de la répandre parmi nous.— Non, ce n’est pas une maladie, dit Stéphane.Ce sont des animaux – des meutes de loups entraînés qu’ils lâchent sur nous.— Si c’étaient des loups, nous les aurions vus, déclara Pierre.— Peut-être, ou peut-être pas, répliqua Guillaume.Les loups chassent la nuit, et l’on ne voit pas grand-chose alentour ici lorsque la nuit tombe.— Et comment pourraient-ils propager une maladie, de toute façon ? demanda Stéphane.— Il suffit d’un ou deux cadavres infectés, expliqua Louis.Ils n’ont pas besoin d’être catapultés au-dessus des murailles d’un château assiégé : il suffit de les glisser parmi les corps de nos propres morts et blessés.— J’ai entendu raconter ce matin que trois d’entre eux – des saboteurs russes – sont entrés dans un camp avec leurs poches et leurs sacs à dos remplis de poudre à canon.Lorsqu’ils ont été capturés, ils se sont simplement fait sauter, et avec eux tous ceux qui les entouraient, raconta Pierre.Personne n’a été grièvement blessé.Enfin, personne de notre côté.Les Russes étaient fichus.Mais s’ils ne s’inquiètent même plus de protéger leurs propres vies, comment pouvons-nous lutter contre ça ?— Tout cela ne me paraît être que des rumeurs de guerre, intervint Vadim, rationnel et tentant de défendre son pays des accusations.Je les ai entendues sur toutes les campagnes auxquelles j’ai participé.L’ennemi doit devenir plus qu’un ennemi.Il ne suffit pas qu’il s’oppose à vous ; il doit être dans l’erreur aussi.Et si sa cause est injuste, alors ses méthodes doivent l’être tout autant.Comme personne n’aime contredire cela et donner l’impression de soutenir l’ennemi, la rumeur enfle et se répand.Les quatre soldats français fixaient Vadim intensément tout en l’écoutant.— Ainsi donc, nier les rumeurs revient à soutenir l’ennemi, c’est cela, Claude ? demanda froidement Pierre.Exactement comme tu viens de le faire ?Je résistai à l’envie de porter la main à mon épée, mais je me préparai à agir à tout moment.Le suspense se rompit lorsque Pierre se mit à rire, suivi de ses trois camarades, puis de Vadim et moi.— Tu as probablement raison, mon ami, poursuivit Pierre.Ce sont des rumeurs et, par définition, elles doivent être exagérées.Ce ne sont probablement que des Cosaques en maraude, s’attaquant à nos hommes.— Quoi qu’il en soit, dit Louis, qui pourrait blâmer les Russes d’utiliser une nouvelle arme, s’ils en ont une ? Toute campagne est gagnée en faisant quelques entorses minimes aux règles de la guerre.Il y a probablement eu des hommes pour se plaindre, exactement comme nous, aux premières utilisations des mousquets, ou même des arcs anglais – et maintenant, nous ne pourrions pas nous en passer.— Je vais rester fidèle à mon mousquet, Louis, dit Stéphane en riant.Et tu pourras avoir ton arc.Je restai silencieux tout au long de cette discussion, sachant qu’il y avait une part de vérité derrière ces rumeurs françaises et constatant une effrayante similitude avec les histoires que j’avais entendues de Toula.Les Opritchniki avaient navigué sur le Don et des rumeurs y étaient nées, maintenant que les Opritchniki étaient ici, les mêmes rumeurs les suivaient.Vers la fin de la conversation, toutefois, je commençai à me sentir plus rassuré.Je savais que nous n’avions affaire ni à la peste ni à des loups, mais à des hommes extrêmement habiles, zélés et violents ; des hommes dont les attaques étaient d’autant plus puissantes qu’ils répandaient la peur aussi bien que la mort.Je n’étais pas certain de la manière dont les Opritchniki provoquaient une telle exagération des rumeurs les concernant, mais entendre ces histoires de la bouche même de ces soldats français superstitieux me fit comprendre qu’elles n’étaient rien de plus que des histoires.Les Opritchniki étaient d’excellents soldats et ils étaient de notre côté.Cela, comme venait de le constater Louis lui-même, était une justification suffisante pour que nous tirions parti d’eux.Vadim manifesta son intention de partir.— Eh bien, bonne nuit, messieurs.Nous devons prendre congé et nous préparer pour la bataille de demain.Nous nous levâmes tous les deux, et il y eut un échange généralisé de poignées de mains et d’au-revoir.Alors que nous faisions demi-tour et commencions à nous éloigner, un dernier cri nous parvint des lèvres de Pierre.— Jelayou ouspiekha !Vadim et moi stoppâmes net.La signification en était assez simple : « Bonne chance ! » Toutefois, ce n’était pas le sens de la phrase qui nous avait surpris, mais sa langue.Pierre avait parlé en russe.Chapitre 6Cela m’avait toujours paru intéressant de voir la façon dont le sens transcende la langue.Me remémorant, par exemple, la conversation que nous avions eue avec ces soldats français durant cette nuit-là, je savais qu’elle s’était tenue en français mais, si je devais la relater, je pourrais le faire tout aussi bien en français qu’en russe, ou même en italien.Je me souvenais du sens de ce qui avait été dit plutôt que du détail des mots.Une fois, lorsque j’étais à Pétersbourg, j’avais eu une longue conversation avec un vieux soldat.Il avait reçu une blessure à la tête en combattant les Turcs durant le règne de la Tsarine Catherine, sous les ordres du général Souvarov.Un grand morceau de son cerveau avait disparu.Cela affectait sa capacité à bouger et à parler mais, au-delà de ce carcan handicapant, son esprit était aussi affûté qu’autrefois.La communication était difficile, bien qu’elle devienne plus simple avec un peu de pratique.Lorsqu’il parlait, je devais écouter attentivement les sons malformés qu’il produisait.Lorsqu’il constatait qu’il ne parvenait pas à s’exprimer, je devais deviner ce qu’il voulait dire et lui faire des suggestions jusqu’à ce que nous en trouvions une qui le satisfaisait.Et pourtant, lorsque je parlais ensuite de lui à Marfa, je pouvais me rappeler le moindre détail de sa vie fascinante comme s’il me l’avait racontée dans un russe impeccable.Bien que je me souvienne des difficultés que nous avions eues à communiquer, ce souvenir était engrangé séparément, dans mon esprit, du contenu effectif de notre échange.Ainsi, lorsque Pierre nous salua par son souhait de « bonne chance », une part de mon esprit réagit à son sens amical [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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