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.Oui, Amy, ils sont venus.»Elle demeura un instant silencieuse puis fit signe : « Choses venir.»De nouveau, Munro demanda la traduction.« Elle dit : Choses venir.» Et Elliot leur traduisit la suite de ses réponses.Ross demanda : « Quelles choses, Amy ? »« Mauvaises choses.»« Etaient-ce des gorilles, Amy ? » demanda Munro.« Pas gorilles mauvaises choses.Beaucoup mauvaises choses venir forêt venir.Parler respiration.Venir nuit venir.»« Où sont-ils maintenant ? » dit Munro.Amy regarda la jungle autour d’elle.« Ici.Ce mauvais lieu choses venir.»« Quelles choses, Amy ? demanda Ross, des animaux ? »Elliot leur dit qu’Amy ne pouvait abstraire la catégorie « animaux ».« Elle pense que les gens sont des animaux », expliqua-t-il.« Les choses mauvaises sont-elles des gens, Amy ? Des personnes humaines ? »« Non.»« Des singes ? » demanda Munro.« Non.Choses mauvaises, pas dormir la nuit.»« On peut se fier à elle ? » demanda Munro.« Quoi signifier ? »« Oui, dit Elliot, entièrement.— Elle sait ce que sont des gorilles ? »« Amy bon gorille », dit-elle par signes.« Mais oui, bien sûr, dit Elliot.Elle dit qu’elle est un bon gorille.— Elle sait donc ce que sont les gorilles, dit Munro les sourcils froncés, mais elle dit que ces choses ne sont pas des gorilles ?— C’est ce qu’elle dit.»Des éléments manquantsElliot décida Ross à placer la caméra vidéo à la limite de la cité, face au camp.Il la mit en route et conduisit Amy en bordure du camp pour voir les constructions en ruine.Elliot souhaitait placer Amy face à face avec la cité perdue, la voir confrontée à la réalité cachée derrière ses rêves, et il voulait un enregistrement de ses réactions spontanées.Il ne s’attendait absolument pas à ce qui se passa.Amy ne manifesta aucune réaction.Elle demeura impassible, détendue.Elle ne fit aucun signe.Tout au plus afficha-t-elle un certain ennui, l’ennui de devoir supporter encore un de ces enthousiasmes d’Elliot qu’elle ne partageait pas.Elliot l’observait attentivement ; elle ne bougeait pas, ne manifestait aucune émotion contenue, rien.Elle fixait la cité, apparemment sereine.« Amy connaître cet endroit ? »« Oui.»« Amy dire Peter quel endroit.»« Endroit mauvais endroit vieux.»« Images sommeil ? »« Ici endroit mauvais.»« Pourquoi mauvais, Amy ? »« Endroit mauvais endroit vieux.»« Oui, mais pourquoi, Amy ? »« Amy peur.»Elle ne manifestait aucun des symptômes somatiques de la peur.Accroupie près de lui sur le sol, elle regardait devant elle, parfaitement calme.« Pourquoi Amy peur ? »« Amy vouloir manger.»« Pourquoi Amy peur ? »Elle ne voulait pas répondre, et s’enferma dans le silence – attitude par laquelle elle exprimait généralement l’ennui.Il ne parvint pas à la faire parler davantage de ses rêves.A cet égard, elle se refermait aussi totalement qu’à San Francisco.Lorsqu’il lui demanda de les accompagner dans les ruines, elle refusa calmement.Par ailleurs, elle ne parut pas affligée de voir Elliot se rendre dans les ruines et elle lui fit des signes d’au revoir pleins d’entrain avant d’aller solliciter de Kahega un peu plus de nourriture.Ce ne fut qu’une fois l’expédition terminée et après son retour à Berkeley qu’Elliot découvrit l’explication de ce comportement incompréhensible.Ce fut dans L’Interprétation des rêves de Freud, ouvrage édité pour la première fois en 1887.« Il peut arriver, en de rares occasions, qu’un malade se trouve placé face à la réalité située derrière ses rêves.Qu’il s’agisse d’un édifice, d’une personne ou d’une situation possédant la substance de l’habitude profonde, la réponse subjective du rêveur demeure uniformément la même.Le contenu émotif du rêve – effrayant, agréable ou mystérieux – se trouve vidé à la vue de la réalité […].On peut être assuré que l’ennui apparent du sujet ne témoigne pas du caractère trompeur du contenu du rêve.On ressent plus fortement l’ennui lorsque le contenu du rêve est réel.Le sujet reconnaît, à quelque niveau profond, son impuissance à modifier les conditions de ses sentiments et il se retrouve ainsi incapable, du fait de la fatigue, l’ennui et l’indifférence, de dissimuler sa détresse fondamentale face à un authentique problème qu’il convient de corriger.»Bien des mois plus tard, Elliot put en arriver à la conclusion que la réaction banale d’Amy ne témoignait que de la profondeur de ce qu’elle ressentait, et de l’exactitude de l’analyse Freud ; ainsi Amy se protégeait-elle d’une situation qu’il fallait modifier, mais qu’elle se sentait impuissante à modifier, étant donné notamment les souvenirs, quels qu’ils fûssent, conservés de la mort traumatisante de sa mère.Mais, à l’époque, Elliot ne ressentit que de la déception face à l’impassibilité d’Amy.De toutes les réactions imaginées au moment de son départ pour le Congo, c’était l’ennui auquel il s’était le moins attendu et sa signification lui échappa complètement, à savoir que la cité de Zinj apparaissait si pleine de dangers qu’Amy, dans son esprit, se sentit contrainte de la refouler et de l’ignorer [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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