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.- Aprés demain, nous allons quitter Rimac Tambo, lui 194annonce-t-il ce soir.Il est temps que le Corps sec de l'Unique Seigneur achéve son voyage.Le vieux Légataire tend son doigt recourbé par le rhumatisme et désigne la pente abrupte au sud-est du village.Une voie royale y tranche la végétation comme un jet de fronde et passe le col sans une courbe.- Bientôt, reprend le Légataire de sa voix cassée mais ferme, tu verras le puma.- Le puma ?- La ville du puma, oui.Cuzco, notre capitale, celle o˘ le soleil se refléte en mille feux sur le Coricancha, notre temple.La ville qu'aux temps anciens Manco Capac et Mama Occlo ont fondée par la volonté de Viracocha.Ils sont arrivés un jour sur la crête des montagnes environnantes.Ils ont vu la plaine et, dans la plaine, autour d'une riviére, leur est apparue la forme d'un puma.Et à nouveau il raconte.Anamaya se laisse bercer par la musique de ses paroles, o˘ cheminent les dieux et les hommes qui ont fait la puissance de l'Empire des quatre Directions.Par instants, il se tait, la bouche séchée.Alors il pose sa vieille main usée sur la main fine d'Anamaya.Il la caresse en souriant comme s'il y puisait un peu de force et il reprend son conte.Les envoyés de Huascar sont arrivés au lever du jour, sous une pluie violente.¿ l'aube, comme chaque matin, les prêtres sacrifient un lama blanc et tous les Puissants qui accompagnent la momie sont rassemblés pour les offrandes.Le sang coule sur la pierre sacrée, la chicha coule sur le sol sacré, le maÔs br˚le au pied du Corps195sec de l'Unique Seigneur.La plainte funébre des trompes et des conques retentit dans la montagne.Mais c'est en levant les yeux vers le ciel trop gris et bas qu'Anamaya les voit franchir le col du nord.Une douzaine de soldats aux mantas trempées de pluie, rouge vif dans l'immensité verte.Lorsqu'ils parviennent au village, elle découvre qu'ils portent leurs armes, les frondes, les lances, et surtout les terribles cassetête étoilés.Non, ils n'ont rien de pacifique.Ils s'immobilisent au pied de l'esplanade, comme des étrangers, et se tiennent àl'écart, sans un mot, sans un geste, indifférents à la cérémonie.Avec un effort de politesse qui n'est guére dans ses habitudes, Villa Oma s'approche d'eux.Il salue le premier- Bienvenue à vous, envoyés de notre Puissant Huascar !- L'Unique Seigneur Huascar ! corrige l'officier C'est un homme jeune et fruste.Ses yeux sont si profondément enfoncés dans ses orbites que son regard semble demeurer dans l'ombre, insaisissable.- Nous sommes venus les chercher, reprend-il en désignant grossiérement les Légataires prosternés devant la momie.Villa en perd aussitôt son calme- que veux-tu dire, capitaine?- Notre Unique Seigneur ordonne que les Puissants Anciens viennent à lui avant l'arrivée du Corps sec de son pére à Cuzco.- Avant? Et pourquoi? s'étonne Villa Oma.Ce n'est pas dans la Loi.- Refuseraient-ils l'ordre de l'Unique Seigneur Huascar ? réplique l'officier avec l'esquisse d'un sourire.- Eh bien, je ne sais.marmonne Villa Oma.Il faut le leur demander.Ce sont eux qui sont la Loi et savent.En attendant, tu peux venir partager notre repas.Mais le soldat refuse.196Il refuse aussi de patienter.Depuis leur arrivée, la tension a grandi dans le cortége.Les femmes se regardent et se retiennent de murmurer.Le Nain s'est rapproché d'Anamaya- Ils sont là pour nous ? s'inquiéte-t-il.Elle secoue la tête.- Non.Pour les Légataires.- Ils sont fous? murmure le Nain.Mais Colla Topac, digne et impassible, s'est approché de l'officier et demande- Pourquoi le Puissant Seigneur Huascar veut-il nous voir, alors que la Loi impose notre présence auprés de son pére ?- L'Unique Seigneur, Légataire, corrige à nouveau l'officier avec un froid respect.Sa raison, il ne me l'a pas donnée.Son ordre est que vous devez me suivre, toi et tous les autres Puissants Anciens.Colla Topac se tourne vers Villa Oma et les autres Légataires.Ce qu'il lit dans leurs yeux, c'est la crainte et l'incompréhension.- Tu es en armes, officier, remarque le Légataire.Huascar craint-il pour nous ?- L'Unique Seigneur vous veut prés de lui avec impatience, répond l'officier d'un ton radouci.Je crois qu'il a seulement h‚te d'avoir des nouvelles de son pére.- Ah.Et a-t-il vu la cométe qui glisse dans le ciel, ces derniéres nuits ?Cette fois, l'officier se tait et baisse les yeux.- Le désir de Huascar est contraire à la Loi, reprend le Légataire d'une voix forte afin que chacun entende.Mais je ne veux pas aigrir son coeur.Il sait que nous venons en paix et je veux le lui prouver.S'il a besoin d'être rassuré, peut-être pourrais-je lui rappeler le courage de son pére, Huayna Capac ?L'officier se redresse comme sous l'effet d'une gifle.Il scrute 197le visage du Légataire dont la voix est restée calme et ferme, malgrél'ironie des propos.Il ne réplique pas, ne laisse paraître aucun sentiment.Il donne seulement des ordres pour que l'on approche les litiéres des Puissants Anciens.L'assemblée est figée sous la pluie qui n'a pas cessé de tomber.Les pentes des montagnes ont disparu sous un voile gris et les vallées sont comblées de brume [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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