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.— Es-tu Thomas de Hookton, prononça-t-il d’un ton formel, le fils bâtard du père Ralph, le curé de ce village ?— Qui êtes-vous ?— Réponds-moi, dit le dominicain.Thomas regarda l’homme dans les yeux et y lut une terrible dureté.Mais il n’allait pas se laisser impressionner, il n’allait pas plier, il allait résister dès la première seconde ! Il resta coi.Le prêtre soupira devant cette démonstration de vaine obstination.— Tu es Thomas de Hookton, affirma-t-il, c’est ce que dit Lodewijk.Dans ce cas, je te salue, Thomas.Mon nom est Bernard Taillebourg, j’appartiens à l’ordre des dominicains et, par la grâce de Dieu et pour servir le Saint-Père, je suis inquisiteur de la foi.Mon frère en Jésus-Christ (ici, Taillebourg désigna du geste son confrère installé à la table, où il avait ouvert le livre et pris une plume) est le frère Cailloux, qui est inquisiteur de la foi, lui aussi.— Vous êtes une fripouille, le défia Thomas, et un assassin.Ces insultes n’ébranlèrent pas le dominicain le moins du monde.— Lève-toi, je te prie, se contenta-t-il de lui dire.— Une canaille, un assassin de la pire espèce, poursuivit Thomas sans faire mine de se lever.Sur un geste de l’inquisiteur, les deux valets se précipitèrent pour le relever en le tirant par les bras.Mais Thomas, au lieu de se mettre debout, se laissa traîner sur le sol.Pour le récompenser de sa mauvaise volonté, le plus robuste le gifla durement au visage, réveillant la douleur causée par la contusion infligée par le coup du Flamand au petit matin.Taillebourg attendit que les hommes fussent près du feu pour reprendre la parole et débiter d’une voix neutre :— Je suis chargé par le cardinal Bessières de découvrir l’endroit où se trouve certaine relique et nous sommes informés que tu peux nous assister en cette matière.Celle-ci revêt une importance si grande que la sainte Église et Dieu tout-puissant nous ont donné tout pouvoir pour nous assurer que tu dis la vérité.Comprends-tu ce que cela veut dire, Thomas ?— Tu as tué ma femme, maudit prêtre, répliqua Thomas, et un jour, tu rôtiras en enfer, et les démons danseront sur ce qui restera de ton cul.Imperturbable, Taillebourg, qui se tenait, grand et squelettique, au bord de la table, y posa le bout de ses longs doigts pâles.— Nous savons que ton père a peut-être été en possession du Graal, dit-il, et nous savons qu’il t’a légué un livre dans lequel il relate ce qui concerne cet objet des plus précieux.Je te répète que nous avons eu connaissance de l’ensemble de cette matière.Il est donc inutile de nous faire perdre notre temps en niant.Cela t’évitera également des souffrances.Mais nos connaissances ne sont pas complètes, et là est la raison de notre présence en ce lieu.Tu me comprends, Thomas ?— Le diable te pissera dans la bouche, prêtre, et il te chiera dans les narines.Une légère expression d’ennui se peignit sur les traits du dominicain, comme pour exprimer un début de lassitude devant la grossièreté de son prisonnier.— L’Église nous habilite à te passer à la question, Thomas, poursuivit-il d’une voix doucereuse, mais dans son infinie miséricorde, elle exige également que nous évitions de verser le sang.Nous pouvons utiliser la douleur, mieux, il est de notre devoir de l’utiliser, mais cette douleur doit être infligée sans effusion de sang.Cela signifie que nous pouvons employer le feu (ses longs doigts osseux touchèrent l’un des tisonniers posés sur la table) et nous pouvons aussi t’écraser, et nous pouvons t’écarteler.Dieu nous le pardonnera, car cela sera fait en Son nom et pour Le servir.— Amen, répondit frère Cailloux en faisant le signe de croix, imité par les deux valets.Taillebourg poussa les trois tisonniers au bord de la table.Aussitôt, le plus petit des valets traversa la pièce en courant, les saisit et les plongea dans le feu.— Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous employons la douleur, poursuivit le dominicain.Nous ne l’employons pas non plus sans motif, mais à regret, en adressant nos prières à Dieu, et le cœur rempli de pitié et d’une grave inquiétude pour ton âme immortelle.— Tu es un assassin, dit Thomas, et ton âme va brûler en enfer.— Bien, poursuivit l’inquisiteur sans s’émouvoir, nous allons commencer par le livre.Tu as dit à frère Germain, à Caen, que ce livre était l’œuvre de ton père.Est-ce vrai ?Et la séance commença.Au début, il ne s’agit que d’une série de simples questions auxquelles Thomas, consumé de haine, une haine nourrie par le souvenir du corps pâle et ensanglanté d’Eléonore, refusa de répondre.Mais ces questions, insistantes et incessantes, étaient accompagnées de la menace des trois tisonniers qui chauffaient dans la cheminée et du cortège de douleur qu’ils représentaient.Thomas se persuada alors que Taillebourg savait certaines choses et que le mal ne serait pas bien grand s’il lui en disait d’autres.Par ailleurs, ce dominicain se montrait fort compréhensif et si patient ! Il supportait la fureur de son prisonnier, il ignorait les insultes, il ne cessait de répéter qu’il ne souhaitait pas employer la torture, que ce qu’il recherchait, c’était la vérité, même partielle.Aussi, au bout d’une heure, Thomas se mit-il à répondre aux questions.Pourquoi souffrir, se demandait-il, s’il ne possédait pas ce que le dominicain voulait ? Il ignorait où se trouvait le Graal, il n’était même pas certain de son existence.De façon hésitante au début, avec plus de conviction ensuite, il parla.Il existait un livre, oui, et la plupart des textes étaient écrits dans des langues et des écritures étranges.Thomas affirma qu’il n’avait aucune idée de ce que signifiaient ces mystérieux passages.Il reconnut qu’il connaissait le latin et qu’il avait lu les passages du livre écrits dans cette langue, mais il les décrivit comme vagues, répétitifs et sans grande utilité.— Ce n’étaient que des récits, des histoires, dit-il.— Quel genre de récits ?— Un homme fut guéri de sa cécité après avoir regardé le Graal et ensuite, parce qu’il était déçu de son aspect, il reperdit la vue.— Loué soit le Seigneur ! intervint frère Cailloux, avant de tremper sa plume dans l’encre et de consigner le miracle.— Quoi d’autre ? demanda Taillebourg [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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