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.— Va pour la chambre du conseil, dit Richard; mais elle est inhabitable pour le moment, car il n’y a pas de lit.— C’est vrai, répondit la femme, je n’y avais pas songé.— Bah! dit un des gendarmes, on y mettra un lit demain, et demain sera bientôt venu.— D’ailleurs, la citoyenne peut passer cette nuit, dans notre chambre; n’est-ce pas, notre homme? dit la femme Richard.— Eh bien, et nous, donc? dit le concierge.— Nous ne nous coucherons pas; comme l’a dit le citoyen gendarme, une nuit est bientôt passée.— Alors, dit Richard, conduisez la citoyenne dans ma chambre.— Pendant ce temps-là, vous préparerez notre reçu, n’est-ce pas?— Vous le trouverez en revenant.La femme Richard prit une chandelle qui brûlait sur la table, et marcha la première.Marie-Antoinette la suivit sans mot dire, calme et pâle, comme toujours; deux guichetiers, auxquels la femme Richard fit un signe, fermèrent la marche.On montra à la reine un lit auquel la femme Richard s’empressa de mettre des draps blancs.Les guichetiers s’installèrent aux issues; puis la porte fut refermée à double tour, et Marie-Antoinette se trouva seule.Comment elle passa cette nuit, nul le sait, puisqu’elle la passa face à face avec Dieu.Ce fut le lendemain seulement que la reine fut conduite dans la chambre du conseil, quadrilatère allongé dont le guichet d’entrée donne sur un corridor de la Conciergerie, et que l’on avait coupé dans toute sa longueur par une cloison qui n’atteignait pas à la hauteur du plafond.L’un des compartiments était la chambre des hommes de garde.L’autre était celle de la reine.Une fenêtre grillée de barreaux épais éclairait chacune de ces deux cellules.Un paravent, substitué à une porte, isolait la reine de ses gardiens, et fermait l’ouverture du milieu.La totalité de cette chambre était carrelée de briques sur champ.Enfin les murs avaient été décorés autrefois d’un cadre de bois doré d’où pendaient encore des lambeaux de papier fleurdelisé.Un lit dressé en face de la fenêtre, une chaise placée près du jour, tel était l’ameublement de la prison royale.En y entrant, la reine demanda qu’on lui apportât ses livres et son ouvrage.On lui apporta les Révolutions d’Angleterre, qu’elle avait commencées au Temple, le Voyage du jeune Anarcharsis, et sa tapisserie.De leur côté, les gendarmes s’établirent dans la cellule voisine.L’histoire a conservé leurs noms, comme elle fait des êtres les plus infimes que la fatalité associe aux grandes catastrophes, et qui voient refléter sur eux un fragment de cette lumière que jette la foudre en brisant, soit les trônes des rois, soit les rois eux-mêmes.Ils s’appelaient Duchesne et Gilbert.La Commune avait désigné ces deux hommes, qu’elle connaissait pour bons patriotes, et ils devaient rester à poste fixe dans leur cellule jusqu’au jugement de Marie-Antoinette: on espérait éviter par ce moyen les irrégularités presque inévitables d’un service qui change plusieurs fois le jour, et l’on conférait une responsabilité terrible aux gardiens.La reine fut, dès ce jour même, par la conversation de ces deux hommes, dont toutes les paroles arrivaient jusqu’à elles, lorsque aucun motif ne les forçait à baisser la voix, la reine, disons-nous, fut instruite de cette mesure; elle en ressentit à la fois de la joie et de l’inquiétude; car, si, d’un côté, elle se disait que ces hommes devaient être bien sûrs, puisqu’on les avait choisis entre tant d’hommes, d’un autre côté, elle réfléchissait que ses amis trouveraient bien plus d’occasions de corrompre deux gardiens connus et à poste fixe que cent inconnus désignés par le hasard et passant auprès d’elle à l’improviste et pour un seul jour.La première nuit, avant de se coucher, un des deux gendarmes avait fumé selon son habitude; la vapeur du tabac glissa par les ouvertures de la cloison et vint assiéger la malheureuse reine, dont l’infortune avait irrité toutes les délicatesses au lieu de les émousser [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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