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.— Pense aussi aux renaissances que la mort de Borneheld a permises, continua Axis, décidé à convaincre le vétéran que l’abominable fin de l’imposteur était nécessaire.Libre Chute est revenu du Monde Souterrain, rendu à l’existence dont il n’aurait jamais dû être arraché si tôt.Zeherah, elle, a échappé à la prison où des générations de ducs d’Ichtar l’avaient maintenue.À présent, elle pourra reprendre sa place parmi les Sentinelles…— J’ai compris, Axis, dit Jorge.(Il jeta un bref regard au cadavre de Borneheld.) Le nouvel ordre à venir doit être accepté, et je suis prêt à le faire.— Je m’assurerai que le monde entier l’accepte, mon ami.Le comte dévisagea un moment Axis, puis il se détourna.— Yr, dit l’Envoûteur, occupe-toi de Faraday, je t’en prie.Aide-la à se laver, puis à s’endormir…Dans le hall des Lunes, les témoins étaient enfin sortis de leur stupéfaction.Penché sur Libre Chute et Gorge-Chant, Vagabond des Étoiles regardait Axis avec un grand sourire.— Ce soir, ta magie a été fabuleuse, mon fils !Il lança la bague d’Envoûteur à Axis, qui la rattrapa au vol et la remit à son doigt.— J’ai eu de l’aide, Vagabond des Étoiles, mais je te raconterai plus tard… Libre Chute ?Le jeune Icarii leva les yeux.— Axis ? Que s’est-il passé ? Et où suis-je ?— Tu es parti très loin de chez toi, mon cousin, mais te voilà de retour.Ce soir, fête tes retrouvailles avec Gorge-Chant, puis repose-toi.Je t’en dirai plus long quand nous aurons un peu de temps…— « Ce soir », Axis ? répéta Vagabond des Étoiles avec un petit rire.La lumière de l’aube filtre déjà dans le hall des Lunes !Axis jeta un coup d’œil aux petites fenêtres du dôme.Son père avait raison : dehors, le ciel rosissait.— Par les Étoiles, combien de temps nous sommes-nous battus ?— Presque toute la nuit, mon ami ! répondit Belial dans le dos de son chef.Je me demande comment tu tiens encore debout…Axis donna l’accolade à son frère d’armes, prit l’épée qu’il lui tendait et la glissa dans son fourreau.— Belial, le capitaine de la garde palatiale est-il ici ?L’officier désigna un grand type en uniforme qui semblait très nerveux.— Comment t’appelles-tu, capitaine ? demanda Axis.À l’époque où il vivait à Carlon, il n’avait jamais vu cet homme.— Hesketh, hum… Sire.— Eh bien, Hesketh, je prends le contrôle de Carlon comme j’ai déjà pris celui du reste d’Achar.Tu y vois un inconvénient ?— Non, Majesté.Le capitaine regarda Yr, qui sortait avec Faraday.Avant de disparaître, la Sentinelle sourit à son bel amant.— Très bien, dit Axis.Avec tes gardes, tu vas aider Belial à sécuriser le palais.Quand ce sera fait, gagne les portes de la ville et ordonne qu’on les ouvre.Désormais, tout le monde est libre d’entrer ou de sortir de Carlon.La garde palatiale ne subira pas de représailles, et les soldats de Borneheld non plus.Tout ce que je demande, c’est votre loyauté à tous.— Sire, vous l’avez ! assura le capitaine.Axis avait disputé un duel loyal contre son frère, et il méritait la couronne.De plus, si les accusations qu’il avait lancées contre Borneheld étaient vraies, on pouvait considérer l’issue du combat comme une sorte de jugement divin.— Très bien, répéta Axis.Belial, accompagne notre nouvel ami, et amène deux chasseurs de Ravensbund avec toi.J’aurai besoin des quatre autres…Le mari de Cazna salua et partit exécuter ses ordres.Axis regarda alors Gautier, Timozel et Jayme, que Ho’Demi et ses quatre chasseurs surveillaient de près.— Timozel, souffla-t-il en avançant vers le fils d’Embeth.Qu’allait-il dire à cet homme ? Le jeune garçon charmant qu’il avait connu n’était plus qu’une brute à la mine maussade dont les yeux brillaient de fanatisme.— Timozel, les vœux qui te lient à Faraday tiennent-ils toujours ?Le champion de la reine ne répondit pas tout de suite.Il avait suivi le duel, et maintenant, ses rêves et ses visions semblaient gésir à côté du cadavre de Borneheld.Où étaient les armées qu’il aurait dû commander ? Les dizaines de milliers de gorges criant son nom ? Les victoires légendaires ? Où ?Et Faraday ? Alors que son mari était étendu sur le sol de marbre, mort et mutilé, laisserait-il Axis s’emparer de cette femme comme si elle était un trophée ?— Oui, je suis toujours le champion de Faraday.Et je pressens qu’elle aura plus que jamais besoin de mes conseils.Surtout si elle est tentée de prendre une décision qu’elle regrettera toute sa vie.Axis parvint à rester impassible.— N’oublie pas que ta mission est de la soutenir, Timozel, quelle que soit la direction qu’elle emprunte.Tu n’es pas son maître !— Et je jure devant tous les dieux qui nous écoutent que tu ne le seras pas non plus !Sur ce défi, Timozel passa devant Axis et se dirigea vers la porte.— Laisse-le partir, dit l’Envoûteur à Ho’Demi, qui faisait mine de suivre le jeune homme.Nous ne pouvons rien pour lui.Mais il reste le champion de Faraday, et je ne lui ferai pas de mal.— Il est dangereux, dit le chef des chasseurs.Une entité malveillante avait pris possession de l’âme de cet homme…Axis se tourna vers Gautier, dont le visage décomposé le fit frissonner de dégoût.— Tu as suivi aveuglément Borneheld, Gautier, et je ne saurais l’oublier… Mais je ne suis pas le mieux placé pour t’accuser.Tes propres hommes te haïssent à cause de ta cruauté.Combien de soldats as-tu fait exécuter parce qu’ils n’avaient plus la force de faire un pas ou de continuer à se battre ? Des héros qui avaient pourtant tout donné pour leur roi ! Mais il y a pis ! Te souviens-tu des trois chasseurs que tu as fait crucifier parce qu’ils avaient osé parler en bien de moi ? Ho’Demi, je te confie ce chien ! Fais de lui ce que tu veux, à condition qu’il soit mort avant le coucher du soleil !— Non ! s’écria Gautier, terrifié, pendant que deux chasseurs le prenaient par les bras.Tue-moi tout de suite, Axis ! Un coup d’épée rapide, je t’en supplie ! Ne me livre pas à ces sauvages !— Ho’Demi, je répète : il devra être mort au coucher du soleil ! Jette son corps sur un tas d’ordures, devant la ville, afin que tout le monde le voie !— Je ferai ce que tu dis avec ce qui restera de sa carcasse…— Laisse-moi deux de tes guerriers, Ho’Demi, ajouta Axis.Pour vous occuper de ce lâche qui ne tient déjà plus debout, vous serez bien assez de trois.— Merci de ce cadeau, noble seigneur, dit Ho’Demi.Faisant signe à ses chasseurs de le suivre avec leur proie, il salua l’Homme Étoile et gagna la sortie.— Eh bien, Jayme, dit Axis en se tournant vers le frère-maître, il semble bien que tu auras été le dernier chef de l’ordre du Sénéchal ! Les « Proscrits », comme tu dis, sont de retour chez eux, dans les plaines et les collines dont l’ordre les a injustement chassés.Se taisant soudain, Axis étudia le vieil homme, incapable de comprendre comment il avait pu changer à ce point [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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