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.III.Eugène Brunon.La lune venait de paraître.Ses rayons pâles descendaient en flots dans la vallée de Saint-Louis, au murmure mélodieux du fleuve et des zéphyrs: Les ombres qui couraient le lac tranquille s’enfuyaient légèrement des hauteurs en répandant sur toutes les habitations du village une teinte d’une délicieuse douceur, c’était une de ces mélancoliques soirées d’été si fréquentes sous le beau ciel du Canada, mais que lui seul sait donner.La douce et suave fraîcheur, qui s’échappait des eaux embaumées par le parfum des fleurs, courait dans les sens avec amour.Assis sur le seuil de leurs cabanes, fumant leur pipe, les Outaouais contemplaient dans un religieux silence la magnifique grandeur de la nature.Et quand un nuage s’écoulait sous la voûte céleste, leurs traits faisaient voir un léger tressaillement, car le sauvage dans le nuage noir d’un ciel pur, voit toujours un signe funeste.Mais comme depuis longtemps rien n’était venu troubler leur tranquillité, la joie reparaissait promptement sur leur front obscurci, et lançant à l’horizon, redevenu serein, des tourbillons de fumée, ils faisaient retomber de nouveau leur tête sur leur large poitrine et s’abîmaient dans cette rêverie sublime de l’homme de la forêt.Couché mollement sur le gazon fleuri, près du ruisseau qui coulait à la porte de la cabane de son oncle, Eugène Brunon était ce soir-là, comme les autres, bien rêveur.Mais que son rêve semblait le faire souffrir ! Ses regards ardents s’attachaient sur la cabane, et d’une main tremblante il pressait sa poitrine soulevée par les nombreux battements de son coeur.Une brillante lueur de tristesse était répandue sur sa figure un peu basanée, qu’éclairait en ce moment la lumière argentée de la lune qu’un gros nuage venait de ternir, et sa longue chevelure noire flottait négligemment sur ses épaules.Quelques larmes vinrent perler ses paupières ; puis bientôt un éclair de joie ceignit son large front.C’est qu’il venait de voir sortir une jeune fille de la cabane de son oncle, et cette jeune fille s’avançait vers lui.Mais sa joie fut de courte durée, car elle franchit le ruisseau et gagna la colline.Eugène redevint pensif.Cette jeune fille l’aimait-elle ? telle fut la question qu’il se fit.Un instant auparavant il n’en eût pas douté.Mais pourquoi le fuir, si elle l’aimait ? Pourquoi ne pas venir passer avec lui ces quelques heures pour lesquelles, sans craindre la fatigue d’une journée d’été, il avait fait tant de marche.Oh ! non, elle ne l’aimait pas ! et un frisson glacial parcourut tous ses membres ; ses joues devinrent plus pâles que le marbre blanc d’un mausolée.Elle ne l’aimait pas ! et il s’était tant de fois dit qu’elle l’aimait, qu’il était le plus heureux des hommes.Elle ne l’aimait pas ! Oh ! comment vivre sans cela, dites, jeunes gens, comment vivre sans l’amour de la femme que l’on aime ! Ne faut-il pas plutôt mourir avant de le savoir ? Car alors en mourant, vous ne laissez qu’une vie, une vie dont plusieurs d’entre vous peut-être maudissent souvent l’existence, la vie du corps, vie d’illusion et de mensonge.Mais quand tous lui avez entendu dire à cette femme qu’elle ne vous aimait pas ; alors il vous faut mourir deux fois ! donner deux vies ! la vie du corps, qui se flétrit sous les chagrins ! et la vie du coeur, vie d’amour et d’espérance ! La vie des anges au ciel ! Qui n’aurait pas de regret à la quitter !Tout ce qu’il y a de douleur sur la terre passa dans l’âme d’Eugène.Il leva les yeux vers l’horizon pour y chercher une consolation dans la prière.« Mon Dieu ! » fut tout ce qu’il put dire: il venait de voir debout devant lui la fille adoptive de son oncle.– Françoise ! murmura-t-il tout bas.– Frère, comme tu es triste ce soir, dit la jeune fille en s’asseyant près de lui.– Triste, Françoise, oui, c’est vrai.– La nuit, comme au sauvage, te donne-t-elle de sombres pensées en couvrant d’un voile sombre le nuage noir qui passe la lampe du bon Dieu, te fait-elle rêver ? Tu ne parles pas, frère ?– C’est que je regardais l’oiseau de nuit qui s’en va là-bas en riant et que je me demandais pourquoi son vol te fait tressaillir.– Il annonce, vois-tu, quelque malheur.– Quelque malheur, soeur ?– Oui.Mais pourquoi penches-tu donc ainsi la tête ; souffres-tu ?– Non, je rêve à ce malheur dont tu parlais.– Tu rêves donc comme le sauvage, toi ?– Et pourquoi ne pas rêver comme lui, Françoise ?– C’est qu’il m’avait dit que les blancs ne rêvaient pas.– Qui te disait cela, soeur ?– Talasco, frère.– Ton père !.Oh ! c’est qu’il n’aime pas les blancs.– Frère, ils sont bien méchants aussi.– Méchants, Françoise ?– Oui, frère.– Tu ne les connais donc pas, Françoise.Tu ne sais donc pas tout ce qu’ils ont fait pour les sauvages.– Qu’ont-ils fait, frère ?– Mais pour eux ils ont laissé leur famille, leur patrie, leur bonheur.– Oui, pour venir troubler le nôtre, n’est-ce pas ?– Non, non, car ils voulaient vous rendre heureux [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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