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.Et si un bateau est passé pendant que je somnolais ?J’ai reformé les lettres mais il m’a fallu presque toute la journée et maintenant je suis vidé.Ai cherché un autre crabe là où j’avais trouvé le premier, mais rien.Me suis coupé les mains sur les pierres avec lesquelles j’ai écrit mon message, mais les ai vite désinfectées à l’iode malgré ma fatigue.Faut prendre soin de mes mains.À tout prix.15 févAuiourd’hui une mouette s’est posée sur le monticule.S’est envolée avant que j’aie pu m’approcher assez près.Je l’ai vouée aux enfers, là où elle pourrait, pour l’éternité, crever à coups de bec les yeux du père Hailley.Ha ! Ha !Ha ! Ha !Ha !17 fév (?)Coupé ma jambe droite au genou, mais perdu beaucoup de sang.Douleur insupportable malgré l’héroïne.Le choc traumatique aurait tué un autre homme que moi.Laissez-moi répondre par une question : quelle est la volonté réelle de survie du patient ?Mains tremblantes.Si elles me trahissent, je suis fichu.Elles n’ont pas le droit de me lâcher.Aucun droit.J’ai pris soin d’elles toute leur vie.Aux petits soins.Elles n’ont pas intérêt.Ou elles le regretteront.Au moins, je n’ai pas faim.Une des planches du canot s’était fendue par le milieu.Une extrémité devenue pointue.C’est ce que j’ai utilisé.Je salivais, mais je me suis forcé à attendre.Puis je me suis mis à penser à… oh, aux barbecues du bon vieux temps.Cette maison qu’avait Will Hammersmith sur Long Island, avec un barbecue assez grand pour y cuire un porc tout entier.Dans la semi-obscurité, nous nous asseyions sous le porche, un grand verre d’apéritif à la main, et nous discutions de techniques chirurgicales, de succès, de choses et d’autres.Et le vent se levait et portait jusqu’à nous le savoureux parfum du porc grillé.Judas-Iscariote, le savoureux parfum du porc grillé.Fév (?)Coupé l’autre jambe au genou.Somnolé toute la journée.« Docteur, l’opération était-elle vraiment nécessaire ? » Haha ! Mains tremblantes, comme un vieillard.L’ai mangée.Sang sous les ongles.Croûtes.Vous vous souvenez à l’école de médecine, cet écorché au ventre de verre ? J’ai l’impression d’être comme lui.Sauf que je ne veux pas regarder.Pas possible.Dom disait toujours ça.Vous étiez au coin d’la rue, y s’approchait de vous d’un pas joyeux dans son blouson du club des Rebelles de l’autoroute.Vous lui disiez : « Dom, tu l’as sautée ? » Et Dom répondait : « Pas possible.» Zut.Ce bon vieux Dom.J’voudrais tant être resté tout bêtement dans mon quartier.Tout ça c’est vraiment la merde, comme dirait Dom.Haha.Mais vous savez, je crois qu’avec les soins appropriés et des prothèses, je pourrais redevenir flambant comme un sou neuf.Je pourrais revenir ici et dire aux gens : « C’est Où tout ceci Est arrivé.»Hahaha !23 février.Trouvé un poisson mort.Pourri et puant.L’ai mangé quand même.Avais envie de vomir, pouvais pas laisser faire ça.Je vais survivre.Plane complètement, les couchers de soleil.Février.J’n’ose pas mais faut.Comment ligaturer si haut l’artère fémorale ? C’est aussi gros qu’une putain d’barrière de péage là-haut.J’dois.J’ai tracé une ligne le long du haut de la cuisse, là où c’est encore charnu.Avec ce crayon.Je voudrais pouvoir arrêter de saliver.FéTu… as droit… à un répit aujourd’hui… alooors…lève-toi et va… chez McDonald’s… deux épaisseurs de viande… sauce spéciale… Laitue… pickles…oignons… sur un… petit pain aux graines de sésame…Tra… lala… lalaire…FévviAi regardé mon visage dans l’eau aujourd’hui.Un crâne recouvert de peau.Suis-je déjà fou ? Sûrement.Je suis un monstre maintenant, un phénomène.Plus rien en dessous de l’aine.Un phénomène.Une tête attachée à un torse se traînant sur le sable à l’aide des coudes.Un crabe.Un crabe planant.N’est-ce pas justement comme ça qu’ils se nomment eux-mêmes ? Hé, mon vieux, je ne suis qu’un pauvre crabe planant, t’as pas cent balles ?HahahahaOn dit qu’on est ce qu’on mange et dans CE CAS, JE N’AI PAS CHANGÉ D’UN IOTA !Mon Dieu choc traumatique choc traumatique LE CHOC TRAUMATIQUE N’EXISTE PASbahFél40 ?Rêvé de mon père.Quand il était saoul il en oubliait son anglais.C’est pas qu’il ait eu grand-chose d’intéressant à dire de toute façon.Putain de débile.J’étais si heureux de foutre le camp de chez toi papa espèce de boule de graisse débile rien nullité zilcho zéro.Je savais que j’allais réussir.J’ai filé loin de toi, t’as vu ? Je marchais sur les mains.Mais y n’auront plus rien à couper.Hier j’ai pris mes lobes d’oreilles main gauche lave la droite ne laisse pas ta main gauche savoir ce que fait la droite une patate deux patates trois patates quatre notr’porte de frigo est assez grande pour quatre.hahahaquelle importance, cette main-ci ou celle-là ?Bonne nourriture bonne viande bon Dieu mangeons.des fingersi, c’est bon comme des fingersLe camion d’oncle OttoCoucher tout ceci sur le papier m’apporte un grand soulagement.Je ne dors plus très bien depuis que j’ai trouvé le cadavre de mon oncle Otto ; certains jours je me suis même demandé si j’étais devenu fou – ou si j’allais le devenir.Tout aurait été certainement plus facile si l’objet lui-même n’était pas ici dans mon bureau, constamment à portée de mes regards et de ma main.Je ne veux ni le prendre ni le soupeser ; je ne veux pas toucher ce truc.C’est pourtant ce que je fais parfois.Si je ne l’avais pas emporté lorsque je me suis enfui de sa petite maison d’une seule pièce, je pourrais commencer à me persuader que tout cela n’a jamais été qu’une hallucination – création pure et simple d’un cerveau surmené et exalté.Mais il est là.Il pèse un certain poids.On peut le tenir dans la main.Tout cela a vraiment eu lieu, voyez-vous.Vous qui lirez ce mémoire, la plupart d’entre vous ne me croiront pas, non, à moins qu’une chose semblable ne leur soit déjà arrivée.Je pense cependant que votre adhésion et mon soulagement s’excluent mutuellement, aussi c’est bien volontiers que je vais raconter mon histoire.Vous en penserez donc ce que vous voudrez.Tout récit macabre doit avoir une origine ou un secret.Le mien est doté des deux.Laissez-moi commencer par l’origine – je vais vous expliquer comment mon oncle Otto, qui était riche selon les critères du comté de Castle Rock, passa cependant les vingt dernières années de sa vie dans une mai-sonnette d’une seule pièce, sans eau, située sur une route non loin d’une petite ville.Otto, l’aîné des cinq enfants Schenck, était né en 1905.Mon père, né en 1920, était le plus jeune.Né en 1955, je suis moi-même le plus jeune des enfants de mon père et, par conséquent, oncle Otto m’a toujours paru très vieux.Comme un grand nombre d’Allemands laborieux, mon grand-père et ma grand-mère arrivèrent en Amérique munis d’un petit pécule.Mon grand-père s’installa à Derry à cause de l’industrie du bois qu’il connaissait un peu.Il réussit bien et ses enfants naquirent dans un milieu aisé.Mon grand-père mourut en 1925.Oncle Otto, alors âgé de vingt ans, fut le seul enfant à recevoir tout son héritage.Il alla s’installer à Castle Rock et commença à spéculer dans l’immobilier.En cinq ans il s’enrichit dans le commerce des forêts et des terres.Il acheta une grande maison sur Castle Hill, engagea des domestiques et profita pleinement de son statut de jeune célibataire assez séduisant (« assez » seulement à cause de ses lunettes) et très beau parti.Personne ne le trouvait étrange.Ça n’a commencé que plus tard [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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