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.Les États-Unifiés me proposent de prendre part au forage d’un puits dans la partie occidentale de l’Ukraine.Cette région recèle de nombreux dépotoirs nucléaires qu’il est urgent d’enfouir avant que la radioactivité ambiante ne dépasse la cote d’alerte comme ce fut le cas par le passé.Les premiers sondages situent la chambre à 7300 mètres de fond.De la voûte au plancher, nous avons 2 800 mètres.J’aurais préféré vous offrir à vous et votre famille l’hospitalité d’un endroit plus attrayant.La menace qui pèse à nouveau sur les habitants de cette contrée m’a poussé à faire ce choix.J’attends de vos nouvelles.Votre ami.Tadeusz Nielsen.P.- S.Je vous aurais volontiers rendu visite à Curzay si ce maudit gravier dans ma chaussure ne m’avait confiné chez moi, à Copenhague.Nouveau séisme familial ! La maison referme sur elle ses volets bleus et ses grillages forgés.La vigoureuse Irlandaise engagée pour s’occuper des enfants choisit d’abandonner son île plutôt que ses chers petits, décrétant que si le pays peut se passer d’elle, Marjorie et Clovis ont besoin de deux mères : Tamara Carvagnac pour tout ce qui déborde du cadre strict d’une bonne éducation, Brenda O’Hara pour marcher au pas.Sacrée tante Brenda ! Déjà incontournable à l’époque, elle dictait sa loi.De tous les gens qui peuplent mes écritures, tante Brenda est la seule avec qui je suis encore en contact aujourd’hui.J’ai reçu cet après-midi sa visite hebdomadaire à son heure, l’heure du thé.Cela m’a donné droit au cérémonial du mouchoir et à la ration de biscuits ronds et grenus dont elle me gave depuis que j’ai mes premières dents.Ils sont toujours aussi durs, ces biscuits, et trop caramélisés à mon goût mais, venant d’elle, je ne puis que les croquer avec un semblant d’appétit.Elle m’a longuement parlé du potager de notre maison de Curzay qu’elle a grand-peine à désherber.Le printemps a été pluvieux cette année et elle n’arrive plus à suivre.Quand je lui ai parlé d’engager quelqu’un pour l’aider, elle s’est offusquée.— Je m’en suis sortie toute seule jusqu’à présent !Il m’a semblé préférable de ne pas insister.J’ai de la tendresse pour tante Brenda.Son dévouement me touche.Bientôt trente ans qu’elle est à notre service, six qu’elle tient seule notre maison familiale en attendant le retour de mes parents.Qu’est-ce qui a pu l’attacher de la sorte à notre destinée, la pousser à partager nos moments de bonheur, à supporter le poids des peines que nous avons eues ? Elle aurait pu avoir une vie à elle, avec un sien foyer, des siens enfants.Ce n’est quand même pas faute de plaire à un homme qu’elle a choisi cette voie-là.D’accord, on ne peut pas dire que tante Brenda ait été tirée de la glaise dont on fait les top models mais elle aurait pu former un couple harmonisé voire harmonieux avec Fernand Albuse.Fernand fut attaché à notre famille par la Nielsen Depol Foundation comme garde du corps pendant dix ans.Quand il se défaisait de certains tics de dur à cuire et qu’il rangeait au placard sa gestuelle de flic de série B, il n’était pas mal dans son genre.En tout cas, il avait une gueule.Je me souviens de ses premiers jours à la maison.Il encombrait.Pauvre Fernand, si malmené par tante Brenda à ses débuts chez nous ! Elle l’aurait raclé dehors avec les eaux sales du vendredi.Après, ça s’est calmé.Il a d’abord fait partie des meubles puis, sans qu’on s’en aperçoive, il est devenu une des colorations vives de notre maison.Quand il est mort je me suis senti dévalisé d’une présence protectrice dont j’avais à l’époque grandement besoin.De son côté, tante Brenda, qui ne ratait pas une occasion de le houspiller, a connu avec son départ un réel chagrin.Je dois la vie à Fernand Albuse.Sans lui, je me serais noyé à l’âge de dix ans.Je me serais aussi retrouvé orphelin de père à treize ans et demi s’il n’avait pas été là.Fernand a été l’ange gardien des Carvagnac jusqu’à la défaillance du sien.Finalement, c’est peut-être une chance que tante Brenda ne l’ait pas trouvé à son goût.Elle serait veuve aujourd’hui.Vendredi 22 juinL’idée m’est venue après la visite d’hier de rechercher dans mes archives un portrait au crayon que j’ai fait de Fernand pour l’offrir à tante Brenda.Comme je parcours mes croquis, plusieurs feuilles glissent de mes cartons et se retrouvent par terre.Je me penche de côté pour les ramasser.Du sol, des yeux de fillette me regardent.Je suis saisi [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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