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.Cinq poignées d’épis, et voilà une gerbe.Un moujik tout à fait pauvre, venu avec ses bras tout nus, laboure maintenant cinquante déciatines de froment.L’année dernière, il a vendu son froment seul cinq mille roubles.Et Pakhom pensait, le cœur enflammé :– Pourquoi alors demeurer ici à l’étroit, quand on peut bien vivre ailleurs ? Je vendrai terre et maison, et avec l’argent je bâtirai là-bas, et m’y établirai.Tandis qu’ici, à l’étroit, demeurer est un péché.Il faut seulement que j’aille me renseigner en personne.Vers l’été, il se prépara et partit.Jusqu’à Samara, il descendit la Volga sur un bateau à vapeur ; puis il fit quatre cents verstes à pied.Il arriva au but.C’était bien cela.Les moujiks y vivent à l’aise.La commune, très hospitalière, donne à chaque âme dix déciatines.Et qui vient avec de l’argent peut, en sus de la terre concédée à temps, acheter de la terre à perpétuité, à raison de trois roubles la déciatine, et de la meilleure terre encore.On peut en acheter tant qu’on veut.Pakhom s’enquit de tout cela, retourna chez lui vers l’automne, et se mit à vendre tous ses biens.Il vendit avantageusement sa terre, il vendit sa maison, il vendit son bétail, se fit rayer de la commune, attendit le printemps, et s’en alla avec sa famille vers le nouveau pays.IVPakhom est arrivé dans le nouveau pays avec sa famille, il s’est inscrit dans un grand village.Il a payé à boire aux anciens, il s’est mis en règle.On a reçu Pakhom, on lui a concédé, pour cinq âmes, cinquante déciatines de terre dans différents champs, sans compter le pâturage.Pakhom bâtit sa maison, il acquiert du bétail.Il possède maintenant, rien qu’en terres concédées, deux fois ce qu’il avait auparavant.Et sa terre est fertile.Sa vie, en comparaison de celle qu’il menait jadis, est dix fois plus belle : terres de labour et pâturage, il en a tant qu’il veut.D’abord, pendant qu’il bâtissait et s’installait, tout lui paraissait beau ; mais, quand il eut vécu là quelque temps, il lui sembla être à l’étroit.Pakhom désirait, comme les autres, semer le froment blanc, le turc.Et de la terre à froment, il y en avait peu dans les concessions.On sème le froment dans la terre vierge, où pousse la stipe plumeuse, ou bien dans la terre en jachère.On la cultive un an ou deux, puis on la laisse de nouveau, jusqu’à ce que la stipe ait repoussé.De la terre meuble, tant que tu veux ; seulement, sur cette terre on ne peut semer que le seigle, et il faut au froment de la terre forte.Et pour la terre forte, il y a beaucoup d’amateurs ; il n’y en a pas pour tout le monde, et c’est matière à discussions.Les plus riches veulent la labourer eux-mêmes, et les plus pauvres, pour payer leurs contributions, la vendent aux marchands.La première année, Pakhom sema du vieux froment sur sa concession, et il vint bien mais il voulait semer beaucoup de froment, et il avait peu de terre.Et celle qu’il avait n’était pas bonne pour cela, il voulait avoir mieux.Il alla chez le marchand louer de la terre pour une année.Il sema davantage, tout poussa bien, mais c’était loin du village.Il y avait une quinzaine de verstes à faire pour s’y rendre.Pakhom s’aperçut qu’en ce pays les marchands moujiks avaient des maisons de campagne, qu’ils s’enrichissaient.Voilà comment je serais, pensait-il, si j’avais pu acheter de la terre à perpétuité, et bâtir des maisons de campagne.J’aurais tout cela sous la main.Et il songeait aux moyens d’avoir de la terre à perpétuité.Pakhom vécut ainsi cinq ans.Il louait la terre et semait du blé.Les années étaient bonnes, le blé venait bien, et il gagnait de l’argent.Il n’avait qu’à se laisser vivre ; mais il était ennuyé de louer chaque année la terre ; c’est trop de souci : où il y a une bonne terre, le moujik accourt et la prend.S’il n’arrivait pas à temps, il n’avait plus où semer.Ou bien, une autre fois, il s’arrangeait avec des marchands pour louer un champ chez des moujiks ; déjà il l’avait labouré, quand les moujiks réclamèrent en justice et tout le travail fut perdu.S’il avait de la terre à lui, il ne s’inclinerait devant personne et tout irait bien.Et Pakhom s’enquiert où l’on peut acheter de la terre à perpétuité.Et il trouve un moujik : le moujik avait cinq cents déciatines, il s’est ruiné, et vend bon marché.Pakhom s’abouche avec lui, il discute, discute, et ils s’entendent pour quinze cents roubles, dont moitié payable comptant, moitié à échéance.Ils étaient déjà tout à fait d’accord, lorsqu’un jour un passant, un marchand, s’arrêta chez Pakhom pour faire manger ses chevaux.On prit du thé, on causa, et le marchand raconta qu’il venait de chez les Baschkirs [25].Là, disait-il, il avait acheté cinq mille déciatines de terre, et il n’avait payé que mille roubles.Pakhom questionnait, le marchand répondait.– Je n’ai eu pour cela, disait-il, qu’à amadouer les anciens.Je leur ai fait cadeau de robes, de tapis pour une certaine quantité de roubles, d’une caisse de thé, et j’ai offert à boire à qui voulait.Et j’ai acheté à vingt kopeks la déciatine.Il montrait l’acte de vente.La terre, continuait-il, est située auprès d’une petite rivière, et partout pousse la stipe plumeuse.Pakhom ne se lassait pas de demander des pourquoi et des comment…De la terre, disait le marchand, à n’en pouvoir faire le tour en marchant pendant un an.Tout est aux Baschkirs, et ces gens-là sont simples comme des moutons : on pourrait même l’avoir pour rien.– Ah ! pensa Pakhom, pourquoi acheter, pour mes mille roubles, cinq cents déciatines, et me mettre encore une dette sur le dos ; tandis que je puis, pour mille roubles, en avoir Dieu sait combien ?VPakhom s’informa du chemin à prendre, et, dès qu’il eut reconduit le marchand, il se prépara à s’en aller aussi.Il laissa la maison à la garde de sa femme, et partit avec son domestique.Ils se rendirent d’abord à la ville, acheter une caisse de thé, des cadeaux, du vin, tout ce que le marchand lui avait dit.Ils allaient, ils allaient.Ils avaient déjà fait cinq cents verstes.Le septième jour, ils arrivent à un campement de Baschkirs.Tout est comme a dit le marchand.Ils demeurent tous dans la steppe, près de la petite rivière, dans des kibitki [26] de laine.Ils ne cultivent pas, ils ne mangent pas de pain, mais ils promènent dans la steppe leurs chevaux et leur bétail.Derrière les kibitki sont attachés les poulains ; on leur amène leurs mères deux fois par jour ; on trait les juments, de leur lait on fait le koumiss.Les babas battent le koumiss et en font du fromage.Les moujiks ne savent que boire du koumiss et du thé, manger du mouton et jouer de la flûte.Tous sont luisants de graisse, gais, et tout l’été en fête ; ce peuple est tout à fait ignorant, il ne connaît pas le russe, mais il est très affable.À la vue de Pakhom, les Baschkirs sortirent de leurs kibitki et entourèrent l’étranger.Ils avaient parmi eux un interprète, et Pakhom leur apprit qu’il venait pour avoir de la terre.Les Baschkirs lui firent fête, ils le prirent et l’emmenèrent dans une jolie kibitka.Ils l’installèrent sur des tapis, étendirent sur lui des coussins de plume, et l’engagèrent à boire un thé et du koumiss.On tua un mouton et on lui donna à manger.Pakhom prit les cadeaux dans son tarantass [27], et les distribua aux Baschkirs.Il leur donna les cadeaux et leur partagea le thé.Les Baschkirs s’en réjouirent.Ils baragouinaient, baragouinaient entre eux ; puis ils ordonnèrent à l’interprète de traduire [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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