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.De quoi foutre une raclée aux Allemands.Ce qui est dommage.c’est que ce n’est là que de la fumée !Wingate éleva le ton, comme un maître d’école, pour être sûr que tout le monde, autour de la table, lui prête attention.— Vous remarquerez que les endroits indiqués sur cette carte se trouvent dans l’estuaire de la Tamise et dans l’est de l’Angleterre, derrière Douvres et Ramsgate.Ce sont là des positions logiques dans le cas d’une attaque dans le Pas-de-Calais.Dans une semaine, quand nos vraies divisions feront mouvement vers leurs ports d’embarquement, nos divisions imaginaires, elles, commenceront à s’installer dans leurs zones de rassemblement.Si je peux employer le vocabulaire théâtral du colonel, ce sera le lever de rideau de l’acte I.Comme tous les premiers actes, celui-ci jettera les bases de l’intrigue.Si ça ne marche pas, le reste de la pièce ne marchera pas non plus.Ce que nous devons faire, c’est revêtir cette armée de fantômes de chair et d’os.Nous devons transformer ce million d’ectoplasmes en créatures vivantes, avec leur ravitaillement, leurs armes, leurs problèmes particuliers, leurs épouses et leurs mères.Nous devons leur donner vie, non pas en Angleterre, mais à Berlin.Si FORTITUDE a quelque espoir de réussir, c’est dans la mesure où ces fantômes existeront bel et bien dans l’esprit du grand état-major allemand.T.F.espérait que tous ceux qui se trouvaient là n’aient pas remarqué l’incrédulité avec laquelle il avait accueilli le discours de Wingate.Jamais il n’avait entendu quelque chose d’aussi extravagant.Ou bien ces gens étaient cinglés, ou bien ils étaient doués d’un rare génie.Mais non : cet avocat, ce romancier populaire, ce type qui fabriquait des meubles du côté de Birmingham, ces deux filles de l’aristocratie, entassés dans ce trou, avaient l’intention de berner Hitler avec un million de faux soldats et de gagner la guerre ? Le général du Pentagone avait raison : ils étaient tous dingues.Wingate se leva lentement, inconscient du scepticisme qu’il avait pu éveiller chez son officier de liaison américain.— Les moyens qu’Hitler possède de se procurer des renseignements sont limités.Ils sont au nombre de trois : les vols de reconnaissance aérienne, l’interception de nos messages radio et l’espionnage.Notre idée est de laisser filtrer des lambeaux d’informations par ces trois canaux.Une fois que les Allemands les auront rassemblés, ils découvriront que FUSAG est notre « puissance et notre gloire ».Pas trop facilement, bien sûr.Nous voulons qu’ils tirent un grand orgueil de la manière dont ils auront découvert notre « secret ».Wingate se retourna vers Ridley qui sortit un épais dossier de sa serviette.— Cette annexe du plan FORTITUDE contient ce qui se passerait entre nos deux armées imaginaires et leurs vingt divisions.— Vous avez dressé ce plan dans cette petite pièce, demanda T.F.?— Bien sûr que non.Nous avons réuni un état-major d’armée pour le faire à notre place.— Tout un état-major, rien que pour ça ?— Absolument.Plus d’une centaine d’officiers supervisés par un major général de chez vous y ont travaillé pendant plus de trois mois.— Une centaine d’officiers ?T.F.ne pouvait plus cacher son incrédulité.— Vous voulez dire que vous avez utilisé tout l’état-major d’un groupe d’Armée pendant Dieu sait combien de temps rien que pour fabriquer un tas de mensonges ?Wingate feuilleta rapidement du pouce son épais dossier, comme un joueur de poker, avant de distribuer les cartes.— Il ne s’agit pas du tout de mensonges.Tous ces documents sont authentiques.Depuis le dernier rouleau de papier-cul, jusqu’aux conseils prodigués aux soldats pour qu’ils n’attrapent pas la vérole dans les bordels français.Ridley reprit la parole.— Voyez-vous, major, nous ne jouons pas à un jeu.Que l’on commette une seule erreur et nous sommes foutus.Nous allons probablement envoyer un million de faux messages radio au cours des six semaines qui vont suivre, la plupart d’entre eux en clair.— Un million ! s’exclama T.F.— Disons quelques centaines de milliers.Ils doivent être convaincants.Dans l’ordre qu’il faut, logiques, correspondant à des réalités précises.Les éléments avancés que nous devons d’abord envoyer, c’est un bataillon de parachutistes, puis une division.Avec le décalage nécessaire.Certaines choses doivent mal se passer, comme toujours.Les pontonniers du génie doivent gueuler contre les artilleurs.Les Allemands savent comment nous travaillons.Aucune fausse note ne leur échappera, comme elle ne nous échapperait pas si elle venait d’eux.Ils vont intercepter des messages authentiques échangés entre nos unités, tandis qu’elles se rendront à leurs points de rassemblement dans le Sud-Ouest : ce sera la confirmation que nous ne mentons pas.Ce plan servira de base à notre désinformation.A partir de là, nous aurons à calculer le lieu précis, le jour précis, l’heure précise, la minute précise des faux renseignements que nous ferons parvenir aux Allemands.Ce plan indique que l’avant-garde de notre 167e régiment imaginaire traversera Sturry pour se rassembler à Herne Bay à 7 h 27, le 2 mai.Nous avons là un agent double.Il verra ça, pas d’un bistrot – ils ne sont pas encore ouverts à cette heure –, mais peut-être en allant faire ses courses à bicyclette à la ville.Dans l’après-midi, l’équipe radio émettra trois ou quatre brefs messages que nos amis Allemands intercepteront.Puis il y en aura d’autres.Les Américains ont un comportement bizarre.Ils ne parlent à personne.Alors la Luftwaffe viendra jeter un coup d’œil et nous aurons préparé un trucage pour leurs prises de vue.Tout doit être harmonisé : un horaire parfaitement respecté est nécessaire pour que tout marche bien.Pour la première fois depuis que Wingate avait commencé à invoquer son armée de fantômes, T.F.était devenu un peu moins incrédule.— Prenez l’exemple d’une reconnaissance aérienne.Connaissez-vous un peu l’est de l’Angleterre ?T.F.secoua la tête.— Bon ! Les routes de cette région qui conduisent aux ports sont trop étroites pour les blindés.Les Allemands le savent.— Je vois [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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