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.– Diable ! diable ! dit-il quand l’intendant eut achevé, voilà une affaire excessivement drôle, mon compère.J’avais deviné que vous aviez besoin de moi.– Consentez-vous à me servir ?– Je l’aurais parié ! Je me suis dit tout de suite : il a besoin de moi, c’est clair !– Consentez-vous ?.– C’est une drôle d’affaire ! une affaire qui sent la corde, compère.– Je vous donnerai mille écus.– C’est un joli denier, mais, en conscience, le tour est drôle, et vous êtes un habile coquin, mon camarade.J’ai envie d’aller conter tout ceci à M.de Plougaz.Il me donnera plus de mille écus, qu’en dites-vous ?Maître Luc prit sous son pourpoint ce même petit poignard qui avait réduit au silence le pauvre Yaumi, et le ficha sur la table d’un air indifférent.– Je ne dis rien, répondit-il.– Diable ! diable ! murmura Roch Requin en se grattant l’oreille ; vous avez réplique à tout, mon excellent compère.Vous parlez de deux mille écus ?– Soit.–Et ma fille ?.– Je l’épouserai.– C’est un trésor, compère ; vous serez un heureux époux.Elle est aussi bonne que belle.Maître Luc qui, durant cet entretien, n’avait pas perdu un seul instant son sourire, fit à ce mot une grimace équivoque, à laquelle le procureur ne voulut point prendre garde.– Allons ! dit ce dernier, touchez là, mon gendre ; je vous promets mon concours.Ce disant, il se leva et se dirigea vers la porte.Maître Luc l’arrêta.– Verba volant ! dit-il.Je me suis livré à vous.Il me faut des sûretés.– Des sûretés ! répéta le procureur avec une répugnance manifeste.Dans une affaire où il s’agit de la potence, on n’écrit point, mon compère.J’ai grande confiance en vous, nais je ne connais personne à qui je pusse volontiers donner ma tête à garder.– Il faut pourtant écrire, maître Roch ! dit Morfil d’un ton ferme.Le vieux procureur jeta autour de lui un regard cauteleux.Il n’y avait nulle issue.– Soit, reprit-il à son tour avec une feinte résignation ; j’écrirai tout ce qu’il vous plaira, mon gendre.Allons quérir ce qu’il faut pour cela.Une fois dehors, qui sait si maître Roch Requin n’eût point changé d’avis ?Malheureusement pour lui, le Normand avait tout prévu.Il tira de sa poche une feuille de parchemin et l’étui d’argent qu’il avait acheté.– Ne vous dérangez pas, beau-père, dit-il en choisissant son meilleur sourire.Voici une écritoire que vous conserverez, s’il vous plaît, en souvenir de moi.Le procureur baissa la tête.Il était vaincu.Maître Luc lui dicta un acte par lequel lui, Roch Requin, s’engageait, moyennant une somme de deux mille écus, à acheter en son nom, le cas échéant, le château de Coquerel, pour ensuite rendre ledit château à Luc Morfil, véritable acquéreur.Rock Requin écrivit, fort à contrecoeur, et signa de mauvaise grâce.– Comme cela, mon compère, dit Luc en mettant l’acte dans sa poche, vous ne serez point tenté de vendre mon secret, car nous partagerions la corde en bons amis que nous sommes.Au revoir, maître Roch Requin.– Au revoir, maître Luc Morfil ! repartit dolemment le procureur.En sortant, l’intendant de Plougaz se montra beaucoup moins galant que le matin.Il ne dit point à la grande fille que ses yeux gris étaient noirs, et passa sans regarder les nombreux marmots qui attendaient son accolade.– J’aurais parié qu’il avait besoin de moi ! grommela le procureur.Diable, diable ! au lieu de le tenir, je me suis laissé prendre, et c’est lui qui me tient.Pauvre affaire !Quand maître Luc enfourcha sa mule, le soleil baissait à l’horizon.De Dinan à Coquerel, il y avait trois grandes lieues.L’intendant mit sa monture au trot, et récapitula joyeusement les événements de la journée.Tout lui avait réussi.Plougaz consentait enfin à vendre son château, et l’acquéreur était trouvé d’avance.C’était au mieux.En définitive, maître Luc s’était rendu coupable de vol, d’imposture, de meurtre, etc.; mais au moins il allait toucher le prix de ses méfaits [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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