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.Ils étaient en train de dire que ça bardait dans le monde du base-ball, et ils se sont interrompus pour passer ça en flash de dernière minute.Dortmunder avait la gorge sèche.— Ne quitte pas ! (Il avala une rasade de bière.) Vas-y, raconte.— Benjamin Arthur Klopzik.Dortmunder dévisagea Kelp comme si c’était de sa faute.Kelp lui rendit son regard ; il avait hâte de savoir.— Qui ? demanda Dortmunder.— Benjamin Arthur Klopzik, répéta May.Ils l’ont dit deux fois de suite ; j’ai noté.— C’est pas un nommé Craig Quelque chose ?— Qui ça ?— Benjamin… (Il comprit enfin.) Benjy !Kelp n’y tenait plus.— Raconte, John.(Il se pencha vers lui.) Raconte, raconte !— Merci, May, dit Dortmunder.(Il mit une seconde à comprendre que le tiraillement bizarre qui lui contractait les joues était provoqué par un sourire.) Écoute, May, ça m’ennuie d’avoir l’air optimiste, mais j’ai comme une impression.J’ai une vague idée que peut-être il n’est pas exclu qu’à un moment qui risque d’être proche je vais pouvoir sortir d’ici.— Je vais mettre les steaks à décongeler, dit May.Dortmunder raccrocha et resta une minute sans bouger, hochant pensivement la tête.— Ce Maloney ! C’est un futé.— Qu’est-ce qu’il a fait ? John ? (Kelp trépignait d’impatience, s’éclaboussant les genoux de bière.) Raconte, John !— Benjy, dit Dortmunder.Le petit bonhomme qui était branché sur les flics.— Eh bien ?— Maloney dit que c’est lui qui a chauffé la bague.— Benjy Klopzik ? (Kelp était stupéfait.) Un taré pareil ? Il ne serait pas foutu de voler un sac en papier dans un supermarché.— N’empêche.Il a tout le monde à ses trousses, non ? Parce qu’il bossait pour les flics.— C’est vrai, ils le coursent presque autant que toi.— Bon.Les flics annoncent que c’est lui qui a chouravé la bague en rubis.Il ne va pas revenir pour protester.Et voilà, c’est réglé.— Mais où est-ce qu’il est ?— Qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Au Moyen-Orient, peut-être.Ou bien dans le quartier cubain de Miami.Peut-être que les flics l’ont tué et qu’ils l’ont enterré sous l’immeuble de la Police.En tout cas, Maloney sait bien que personne ne mettra la main sur lui.Et ça, ça me va.(Dortmunder souriait jusqu’aux oreilles.Il attrapa le téléphone.) Ça me va même tout à fait.45.La vie est injuste ; Tony Costello en était pleinement conscient.Il était sur le point de perdre son emploi de reporter policier au Journal de six heures, et tout ça parce que personne ne savait qu’il était irlandais.Non seulement il s’appelait Costello, un nom irlandais qui avait l’air italien ; mais il avait encore fallu que sa mère aille corser le problème en le prénommant Anthony.Bien sûr que des tas d’irlandais s’appelaient Anthony, mais une fois combiné avec Costello, ça n’était plus la peine de penser à arborer le drapeau de la verte Erin.Pour comble d’infortune, Tony Costello était un Irlandais brun.Sa tête était couverte d’une épaisse toison noire, il avait un gros nez protubérant, et il était petit et trapu.Pas de doute, c’était une victime du destin.Si seulement il avait pu en parler franchement, aller voir un de ces crétins d’irlandais – l’Inspecteur-Chef Francis X.Maloney, par exemple, ce gros plein de soupe content de lui – et leur dire ce qu’il en était : « Par tous les saints de l’enfer et les diables du paradis, je suis irlandais ! » Mais c’était impossible : cela serait revenu à proclamer ouvertement l’existence à la tête de la police d’une sorte de mafia irlandaise, ce qui était tout à fait hors de question.Moyennant quoi tous les scoops, les tuyaux les plus juteux, les renseignements glissés dans le creux de l’oreille étaient réservés à ce salopard d’Écossais nommé Jack Mackenzie, que ces crétins d’irlandais prenaient tous pour un Irlandais.— Ça commence à ressembler au printemps ! dit une jolie fille dans l’ascenseur, ce samedi-là à midi.Mais Tony Costello n’en avait rien à cirer.Il n’en avait plus pour longtemps à s’occuper de la rubrique policière ; la fin, pour lui, se rapprochait de jour en jour, et il ne pouvait rien y faire.Encore un mois, six semaines, deux mois au maximum, et on l’enverrait avec armes et bagages à Duluth (Minnesota) ou dans un trou du même genre, où l’actualité se limitait aux accidents de voiture et aux défilés d’anciens combattants.Ça commençait peut-être à ressembler au printemps, les averses torrentielles de la nuit précédente avaient peut-être été le dernier râle d’un hiver agonisant, les douces brises et le soleil délavé de ce matin-là annonçaient peut-être la saison de l’espérance, mais qu’importait à Tony Costello, puisque l’espérance avait déserté son cœur ? Aussi fut-il glacial avec la jolie fille de l’ascenseur, qui en resta déconcertée pour toute la journée ; le pas lourd, il passa devant tous les autres employés de la chaîne, en pleine activité, et gagna, au bout du couloir, son box personnel, où il demanda à Dolorès, la secrétaire qu’il partageait (pour quelque temps encore) avec cinq autres reporters :— Y a des messages pour moi ?— Non, Tony, je regrette.— Bien sûr.Naturellement.Pas de messages.Qui aurait l’idée d’appeler Tony Costello ?— Remets-toi, Tony, dit Dolorès.(Elle était fine et élancée, ce qui ne l’empêchait pas d’être maternelle.) C’est une journée superbe.Regarde par la fenêtre.— Tu veux que je me jette par la fenêtre ? demanda Costello.Son téléphone sonna.— Tiens, tiens, dit Dolorès.— Un faux numéro, supposa Costello [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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