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.- C'est à moi de vous prier de m'excuser, balbu-tiai-je en me levant.Je vous remercie de m'avoir reçu et je suis navré que mon enquête, enfin mes recherches soient la cause d'un désagrément.Elle me sourit et son visage retrouva une beautéaltière.- Mais j'ai été ravie de votre visite.Je vois si peu de monde.Elle me raccompagna à la porte et j'allais prendre congé lorsqu'elle me coupa la parole.- Mais j'y pense ! Une fois Paul m'a révélé quelque chose de très étrange sur sa famille.Il avait un peu bu ce soir-là, nous revenions d'une soirée avec des amis artistes.C'était l'époque o˘ il était insouciant.Je lui avais dit que je ne pourrais jamais le quitter et il m'avait répondu que lui me quitterait s'il faisait un rêve.- Un rêve ?- Eh bien, cela reste très mystérieux.D'après ce qu'il m'a raconté, il y avait une légende que l'on se transmettait de père en fils chez les Duguet.Si l'un d'eux faisait un certain rêve, il devrait quitter femme et enfant, et se préparer à accomplir son destin.- Et en quoi consistait ce destin ?- Je ne sais pas exactement.En tout cas il fallait tuer des gens, ça c'est certain, dit-elle d'un ton calme.Et comme je la regardais sans comprendre, elle ajouta:- Tuer ou être tué, c'est ainsi qu'il avait parlé.Mais je n'ai pas pu en savoir plus.Il a semblé regretter de m'avoir dit ces choses.Et je n'y ai jamais repenséjusqu'à aujourd'hui.Elle me regarda gravement en me disant au revoir, gardant ma main serrée dans la sienne.Je n'y voyais aucun inconvénient.Je la saluai, promis avec sincéritéque j'aimerais la revoir et je descendis lentement l'escalier en savourant les dernières fragrances de son parfum.Je n'aime pas les fast-foods.Je trouve que la sauce douce‚tre qu'ils mettent dans les hamburgers a un go˚t chimique et il me faut toute la journée pour digérer les frites.J'entrai dans un café en bas de chez Yolande et commandai un jambon-beurre-cornichon, arrosé d'un verre de rouge bien français.Debout au comptoir je me repassais mentalement le film de notre entretien et me dis que, décidément, cette famille avait le don d'inspirer d'étranges récits.qu'est-ce que c'était encore que cette histoire de rêve annonciateur ? J'aurais bien aimé avoir Paul Duguet sous la main, mais si les services de Jean ne l'avaient pas retrouvé, je ne voyais pas comment je pourrais y arriver.Peut-être était-il mort ? Ou parti à l'étranger ?Ou les deux.Je terminai mon sandwich et réfléchis à un plan pour me présenter chez Sarah.L'inspiration ne venant pas, je décidai de me fier à l'intuition du moment.La rue Jeanne-d'Arc est située dans un coin tranquille du 13e arrondissement, à deux pas du quartier chinois, non loin du square HéloÔse-et-Abélard.Je remarquai que la plupart des rues alentour avaient pour noms ceux des maréchaux de France compagnons de la Pucelle.Sarah Duguet, descendante de Charles de Lauclay, avait bien choisi sa rue.L'immeuble de Sarah était banal et sans prétention.La porte sur la rue était commandée par l'inévitable code que je ne possédais pas (merci Jean !) et je dus patienter quinze bonnes minutes avant de pouvoir me glisser derrière une femme au foyer qui traînait deux bambins et poussait un caddie.La liste des locataires me confirma que Sarah Duguet habitait bien là mais hélas n'indiquait pas l'étage.Je me précipitai pour tenir la porte de l'ascenseur à la jeune maman légèrement débordée par la situation.C'était une femme blonde, pas trop Jolie, aux yeux sans cesse en mouvement.Elle parvint à faire rentrer son panier à roulettes dans la cabine, battit le rappel de sa progéniture qui jouait àZorro dans l'escalier et, une fois que nous f˚mes tous enfermés dans l'ascenseur, me posa la question rituelle:- A quel étage ?- Je ne sais pas, dis-je en lui lançant mon plus beau sourire.Je vais chez Mlle Duguet, elle ne m'a pas dit l'étage.- Sarah ! Mais elle n'est pas là ! Elle est à la maternité !Je dus avoir l'air tellement surpris qu'elle devint soupçonneuse.- Vous ne le saviez pas ? Elle devait accoucher cette semaine.- Non, dis-je de l'air le plus naturel que je pus prendre.Nous sommes des relations d'affaires et je ne l'ai jamais vue qu'au téléphone !Mon humour n'eut pas l'air de l'amadouer et je vis le moment o˘ elle allait se mettre à hurler áu viol ! ªHeureusement l'un de ses enfants, sans doute lasséd'attendre dans cette cabine exiguÎ, eut la bonne idée de gifler son frère.Cela provoqua un concert de cris et justifications du type ć'est pas moi, c'est lui ª.La mère-de-famille-pas-commode détourna son attention de ma personne pour rétablir l'ordre parmi ses troupes.- De toute façon, dit-elle une fois le calme revenu, vous pouvez sonner pour voir.J'habite sur le même palier.Et elle enfonça sans plus hésiter le bouton du cinquième.Brave cerbère qui me laissait monter parce qu'elle pouvait me surveiller ! Je remerciai une fois encore en essayant d'éviter les marmots qui me marchaient sur les pieds et, galant homme, lui proposai de porter son sac à provisions et de pousser son caddie.Radoucie, elle me remercia et nous arriv‚mes devant sa porte presque amis.- C'est en face, dit-elle en me montrant la porte àl'extrémité droite du couloir.Mais je ne pense pas qu'elle soit rentrée.J'allai à la porte de Sarah et sonnai.Pas un bruit ne venait de l'appartement.Je n'allais tout de même pas rester dans ce couloir jusqu'à ce que Mlle Duguet ajoute un élément à la lignée secrète des Lauclay ! J'en étais là de mes réflexions lorsque la porte de l'ascenseur s'ouvrit et que je vis une ombre en sortir.Je dis úne ombre ª, j'aurais pu aussi bien dire ún fantôme ª ou ún esprit ª.L'ombre avait de longs cheveux noirs qui lui cachaient le visage.Elle était vêtue d'un imperméable bleu nuit qui laissait voir des jambes prises dans un jean noir.Elle semblait flotter sur la moquette malgré des chaussures montantes aux lacets interminables.J'ai horreur de ce genre de chaussures, la dernière fille avec qui j'étais sorti portait les mêmes et il faut des heures pour les enlever [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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